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Justice

Encore une mise en examen pour Eric Woerth

Ce fidèle de Nicolas Sarkozy est mis en cause pour le financement de la campagne présidentielle en 2007, pour de simples primes en liquide versées à de petites mains.
L'ancien ministre du Budget Eric Woerth, en avril 2015 à Gouvieux. (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)
publié le 29 mai 2018 à 19h23

Ça lui pendait au nez, c'est automatiquement arrivé : Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a été mis en examen mardi pour «complicité de financement illégal», comme vient de l'annoncer lui-même à l'AFP son avocat, Jean-Yves Le Borgne, comme pour mieux désamorcer la polémique. De fait, on est loin des millions que Kadhafi serait censé avoir versés à Sarkozy, en échange de plus ou moins bons procédés. Faute de traçabilité, les enquêteurs se sont donc focalisés sur cette sous-affaire dans l'affaire : le versement en liquide aux petites mains de la campagne. Les montants sont loin d'être colossaux, entre 30 000 et 35 000 euros, distribués à la bonne franquette. Pour éviter toutes confusions avec les possibles millions de Kadhafi, Woerth a jugé nécessaire de tweeter : «Je l'affirme catégoriquement, je n'ai rien à voir avec cette prétendue "affaire libyenne".»

Déjà entendu par les enquêteurs, Eric Woerth a bémolisé : il s'agissait simplement de «faire plaisir, de gratifier ceux qui avaient participé à la campagne ou engagé des frais qui n'auraient pu être remboursés suffisamment.» Pourquoi pas, sauf que ces sommes auraient dû être déclarées. On peut comprendre la pudeur de l'ex-trésorier de la sarkozie quand il évoque l'origine des fonds : «Je pensais que l'argent provenait de personnes qui voulaient aider sans apparaître.» Mais, là encore, cela se déclare. Or le candidat Sarkozy (et donc son trésorier Woerth) n'avait déclaré à l'époque que 9 712 euros de dons en espèces auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Pudeur de jeune fille ? Réponse d'un expert, Jérôme Lavrilleux, mis en examen dans le cadre de la campagne 2012 du même Nicolas Sarkozy (affaire Bygmalion), entendu comme sachant dans celle de 2007 : «Ne pas penser à saisir la CNCCFP, c'est ne pas voir qu'il y a un problème ; refuser de le faire, c'est savoir qu'on est confronté à un problème.»

MLe Borgne a raison de bémoliser sur le fond : «Cette mise en cause de mon client se fonde sur l'identification de sommes en espèces très faibles, pour ne pas dire dérisoires, au regard du coût d'une campagne présidentielle.» N'empêche que sur la forme, toute dépense ou recette électorale, aussi minime soit-elle, doit être déclarée, ce qui ne fut pas fait. La justice française en jugera, fut-ce symboliquement.