Quand, il y a une quinzaine d'années, le jeune vieux Laurent Wauquiez a martelé le mot d'«assistanat» plutôt que celui «d'assistance», il a fallu qu'il en fasse un «cancer de la société» pour que le marqueur politique devienne un boulet. Trop trash, même si surfer sur la peur du «profiteur» a toujours été électoralement rentable. Dans le nouveau monde selon Macron, on a anglicisé ou technicisé le message, mais le fond reste semblable. Concernant les aides sociales, le ministre Gérald Darmanin a fini par rejoindre son collègue de Bercy, Bruno Le Maire, pour dire qu'il y en a «trop», et que certaines sont des «trappes à inactivité». Le tout dans un pays où des millions de personnes ne touchent pas les milliards d'aides auxquelles elles ont droit (si, si) - bien souvent cet «homme pauvre» évoqué par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, pour assurer qu'il est au cœur de l'action macronienne.
Ces derniers temps, le gouvernement s'est aussi lâché sur la question des migrants, sujet sur lequel Sarkozy était allé loin dans l'abaissement. En juin 2015, l'ex-chef de l'Etat avait comparé le flux des migrants à «une grosse fuite d'eau».
Dans un registre mêlant grossièreté à l'endroit des migrants et refrain sur les aides sociales, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a choqué jusque dans son camp en parlant mercredi devant le Sénat de «benchmarking des migrants». Sinistre novlangue. Au début du mois, la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, avait, elle, cru pertinent de parler d'un «shopping de l'asile», avant de concéder une «expression malheureuse».
S’il est un univers où le benchmarking et le contournement de l’impôt sont massifs, c’est celui des géants mondialisés, Gafa en tête. Mais parions que les aides sociales seront rabotées et que l’accueil des migrants sera complexifié avant que la France et l’Europe ne mettent les géants du numérique au pas. Fort avec les faibles…