Président jusqu'en avril de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), la plus puissante et influente des fédérations patronales affiliées au Medef, Alexandre Saubot, 53 ans, se présente comme un candidat de «réconciliation des Français et de l'entreprise» pour succéder à Pierre Gattaz à la tête de la première organisation patronale française. A 53 ans, ce polytechnicien et ingénieur de l'armement passé par différents postes dans la haute fonction publique avant de rejoindre en 1999 Haulotte, le fabricant de nacelles élévatrices stéphanois repris par son père (500 millions d'euros de chiffre d'affaires, 1 700 salariés), entend redonner du poids à un Medef qui, comme les syndicats de salariés, subit ces dernières années la crise des corps intermédiaires.
«Ancien monde»
Réputé très «techno» et fin politique, rompu aux subtilités du paritarisme à la française, cet ancien responsable du pôle social du Medef - et à ce titre son négociateur en chef lors des dernières discussions autour de la nouvelle convention d'assurance-chômage signée en 2017 - s'est forgé l'image d'un patron expert du dialogue social. Pour l'emporter, il met en avant les «résultats très concrets», insiste-t-il, obtenus lors de ses précédents mandats patronaux : quasi-disparition du compte pénibilité dans l'industrie, non-taxation des contrats courts. Mais celui que le camp adverse brocarde comme un candidat «de l'ancien monde» a aussi été critiqué pour sa gestion solitaire et quelque peu autoritaire de ses dossiers. «Il dit qu'il a changé mais jusqu'ici il s'est comporté en autocrate, dit de lui un ponte du Medef pour qui Saubot n'est pas parti favori mais se démène pour activer ses réseaux. Il a avec lui les polytechniciens, qui sont nombreux dans la banque.» Cette fédération clé vient de lui apporter son soutien, tout comme les travaux publics et naturellement l'UIMM.
«Panne»
Saubot, qui sait que son image d'homme de dialogue centralisateur peut lui nuire, a eu tendance ces derniers temps à durcir son discours. Il affirme ainsi qu'il n'est pas forcément un «inconditionnel du dialogue social» en toutes circonstances, qui n'est utile, dit-il, que lorsqu'il sert «la performance économique». Autre manière de faire mentir sa réputation, ce catholique pratiquant et bien né, un des rares points communs avec son principal adversaire, plaide pour un paritarisme de gestion plus sélectif, recentré dans les domaines où le Medef peut peser (l'assurance-chômage, les retraites complémentaires, les accidents du travail) face à un Etat qui, du fait de sa garantie financière, se montre de plus en plus interventionniste. Parmi les points saillants de son programme détaillé dans une plaquette de quinze pages - Geoffroy Roux de Bezieux s'en est, lui, abstenu à ce jour -, ce patron qui déplore «la panne de l'ascenseur social en France» veut mettre le paquet sur la formation et l'apprentissage, avec l'objectif d'une hausse de 50 % du nombre de bénéficiaires d'ici cinq ans. En creux, au fil de ses interventions, le public aura compris que Saubot n'hésite pas à apparaître comme (un petit peu) moins libéral que son principal concurrent. Un peu moins moderne, aussi, rétorque ce dernier.