Déjà candidat en 2013 au poste de patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux croit son heure venue. Agé de 55 ans, ce familier des arcanes patronaux, ex-président du réseau d'entrepreneurs CroissancePlus et qui a sagement attendu son tour dans l'ombre de Pierre Gattaz - il était depuis cinq ans vice-président chargé de la fiscalité et du numérique -, laboure depuis des mois le terrain en quête de son bâton de maréchal. Réputé franchement libéral en économie et ouvert sur les questions de société, cet homme de coups dans sa carrière d'entrepreneur a fait de la «révolution technologique» le cœur de son discours.
Marine
Ancien rugbyman et éphémère engagé dans les commandos de marine à sa sortie de l'Essec, le baroudeur, parti favori sur la ligne de départ, a reçu le soutien de 100 patrons de la French Tech. Dont Frédéric Mazzella (BlaBlaCar), Marc Simoncini (ex-Meetic, Sensee), Henri Seydoux (Parrot) ou encore Pierre Kosciusko-Morizet (Ex-Rakuten France), son associé dans Isai, un fonds d'investissement dans les start-up. De quoi peaufiner son image de patron moderne investi dans les secteurs d'avenir et les nouveaux modèles économiques du numérique, là où son adversaire a fait toute sa carrière dans l'industrie. «C'est un entrepreneur opiniâtre et futé qui a su prendre des risques en développant des activités intercalées entre les producteurs et les consommateurs, comme dans la téléphonie», explique un proche, en citant le distributeur spécialisé de mobiles The Phone House et l'opérateur virtuel Virgin Mobile, tous deux disparus depuis belle lurette. Pas étonnant donc que ce catholique pratiquant grandi dans les beaux quartiers à Neuilly, et partisan de la modération pour les émoluments des grands patrons, insiste sur les bouleversements à venir de l'intelligence artificielle et la gestion prévisionnelle des compétences. «Il s'agit de faire comprendre l'entreprise et d'expliquer le futur, pas de la faire aimer», dit-il en adepte de l'économiste de l'innovation Joseph Schumpeter, persuadé que les emplois détruits par le progrès technique seront compensés par d'autres nouvellement créés grâce à la transformation numérique des entreprises.
Com
Bien moins «techno» et homme de dossiers que Saubot, plus à l'aise dans la com consensuelle que dans les grands marathons des négociations paritaires entre partenaires sociaux, celui à qui l'on reproche parfois son côté très parisien joue la carte de la féminisation des instances dirigeantes du Medef. Il se montre aussi plus ouvert que son principal adversaire sur la question de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) des entreprises, que le gouvernement entend consacrer avec la future loi Pacte et promet d'œuvrer à «la réconciliation du capital et du travail» en améliorant les différents dispositifs permettant de partager avec les salariés les fruits de la croissance.
S'il reconnaît que les divergences sur le fond avec ses adversaires sont minimes , cet ancien de la commission Attali, décrit par un syndicaliste comme «un patron pour lequel le social, c'est le minimum légal», veut convaincre qu'il est capable de changer en profondeur l'image du Medef. Un autre candidat interroge : Roux de Bézieux ou Saubot, «les sortants, sont-ils les plus crédibles pour conduire ce changement ?»