«C'était il y a deux semaines. Je cherchais un job d'été. J'ai candidaté pour un CDD en tant qu'employée polyvalente dans une enseigne qui vend des glaces. J'ai envoyé un CV, sans photo, et on m'a convoquée pour un entretien. J'ai déroulé mon expérience professionnelle : à 18 ans, j'ai vécu à Londres, où je travaillais dans la restauration, puis j'ai continué à faire des extras régulièrement à mon retour en France. La recruteuse, une femme mince d'une trentaine d'années, m'a interrompue pour me dire : "Excusez-moi, mais j'ai quelques doutes sur votre expérience." Je lui ai demandé de préciser. Elle m'a dévisagée, a fixé mon ventre et m'a répondu : "Vous êtes au courant qu'il faut être dynamique pour ce poste ?" C'était si brutal, injuste, que j'en suis restée sans voix. On n'était que deux dans le bureau, sans témoin ni personne pour prendre ma défense. En sortant, j'étais sous le choc, sidérée. Comment peut-on mesurer la capacité de quelqu'un à travailler ou son dynamisme en regardant son ventre ? J'aurais peut-être dû prendre mes affaires et partir, ou renverser le bureau… Je sais que la loi punit ce type de comportements, mais les poursuivre n'aurait servi qu'à me faire perdre de l'énergie, sans résultat. J'ai préféré me préserver.»
Témoignage
Sophia, 22 ans, étudiante, Paris «La recruteuse a fixé mon ventre»
par Virginie Ballet
publié le 31 mai 2018 à 20h26
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