«Transformation sociale», «dialogue social», «démocratie sociale» : tels sont les mots-clés, répétés par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, jeudi, devant les journalistes de l'Ajis, pour définir la ligne du syndicat. Un fil rouge qui devrait être réaffirmé à l'occasion du congrès de la CFDT qui débute la semaine prochaine. Pour la CFDT, donc, la mobilisation passe d'abord par des propositions. Et non par la manifestation. Mais à quelques jours de son rendez-vous, qui va regrouper près de 3 000 adhérents à Rennes, la centrale durcit un peu le ton. Même si Laurent Berger nuance : «Il n'y a pas de raidissement de la CFDT». Dans son viseur, le dossier des aides sociales, dont la refonte est régulièrement mise sur la table ces derniers jours – dans une certaine cacophonie – par le gouvernement et la majorité parlementaire.
«Absence de politique sociale assumée»
«Je suis très préoccupé par la petite musique que l'on entend ces derniers jours sur les politiques sociales, sur le fait qu'il y en aurait trop, qu'il y en aurait mal. Si le jeu est d'amoindrir la prise en compte des personnes qui sont en situation difficile, soit d'exclusion, soit de chômage, pour faire croire que c'est comme ça qu'on les aidera à repartir vers l'emploi, là il y aura une profonde résistance de notre part», a fait savoir Laurent Berger. Pour autant, le numéro un du syndicat «ne veut pas crier» avant de voir ce qui sera vraiment sur la table sur la table. Mais, pour l'heure, veut «fai[re] un peu de prévention».
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Parmi les points d'inquiétude : une possible suppression l'allocation de solidarité spécifique (ASS), accordée aux chômeurs de fin de droits, qui pourrait être à l'étude du côté de l'exécutif. «C'est une très mauvaise idée, une idée très injuste. Elle ne ferait que des perdants. Je sais bien qu'ici ou là, au Trésor ou à Bercy, ils vont dire que ça fait aussi beaucoup d'économies. Mais à un moment il faut un cap : c'est quoi la société dans laquelle on veut vivre», poursuit le cédétiste qui a rencontré le président de la République en mai. L'occasion de lui reprocher «l'absence de politique sociale assumée» de la part du gouvernement. Mais aussi de l'alerter sur une éventuelle suppression de l'ASS. «Je lui ai dit que ce n'était pas tenable».
Avertissement
Mais, depuis, la «musique devient plus insistante», s'inquiète Laurent Berger. Tout en adressant un avertissement au gouvernement : «Il faut mesurer que les politiques fiscales qui ont été menées depuis maintenant un an, sont vécues, parce qu'elles le sont, comme des politiques injustes par les travailleurs et par les plus fragiles. Et il faut rectifier cela.» Sur ce dossier, la centrale promet donc de «peser en se mobilisant sous des formes diverses avec les acteurs de la lutte contre la pauvreté».