Depuis la mi-mars, l’actualité est rythmée par les articles sur les comptes de campagne des candidats à la dernière élection présidentielle. Le bal a débuté avec les comptes de Jean-Luc Mélenchon et s’est poursuivi avec ceux de François Fillon et d’Emmanuel Macron.
L'accès des médias aux comptes de campagne obéit à des règles particulières. La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) détermine d'abord l'ordre dans lequel les comptes de chacun des candidats seront rendus accessibles. «On l'établit en fonction des demandes, explique-t-on à la commission. A la date de la publication, au Journal officiel, des décisions sur les comptes de campagne, le 13 février, ce sont ceux de Jean-Luc Mélenchon qui étaient le plus demandés. Ce sont donc eux qui ont été rendus publics en premier, le 12 mars.» Pourquoi ce délai d'un mois ? «Parce qu'il a fallu tout ce temps pour anonymiser les documents, comme nous y sommes contraints. » Après Mélenchon, les comptes les plus demandés étaient ceux de Fillon et de Macron. Fillon aurait donc dû être en deuxième place, mais le temps d'anonymiser ses comptes, la commission a rendu accessibles ceux de Jean Lassalle. Les comptes de Fillon ont été rendus publics après ceux de celui-ci, avant ceux de Macron, qui étaient les troisièmes les plus demandés. Le Pen a suivi. Hamon arrive ensuite, avant le reste des candidats.
La commission doit ensuite déterminer l'ordre dans lequel les personnes ayant demandé la consultation vont venir. Rien de plus simple : la consultation des comptes, c'est comme à la Sécu. On prend son ticket. Le premier arrivé est le premier servi. Mediapart, qui a évoqué avant les autres «l'affaire des ristournes» dont a bénéficié le candidat d'En marche, a ainsi été le premier média à pouvoir consulter les comptes de Macron. Pour la bonne raison que la demande de consultation du site d'information a été déposée avant les autres auprès de la commission. En effet, le site dirigé par Edwy Plenel a fait sa demande au tout début du mois de juillet dernier. Soit deux mois pile poil après le second tour… Libération, par exemple, n'a fait sa demande pour les comptes de Macron qu'en janvier… Ce qui nous plaçait à la huitième position.
Bref, les médias les mieux organisés se débrouillent pour être les premiers servis. Mediapart a ainsi été le premier à consulter, outre les comptes de Macron, ceux de Mélenchon et de Fillon. En revanche, le site s'est fait griller la politesse (par le Monde et l'AFP notamment) pour les comptes de Le Pen.
A noter que les journalistes ne sont pas les seuls à pouvoir solliciter une consultation. «Tout citoyen peut demander à venir consulter les comptes. Il y a des citoyens lambda, des chercheurs, des militants, et même des candidats. Pour les législatives, nous avons des candidats qui viennent consulter les comptes de leur adversaire. Pour les comptes de la présidentielle, l'immense majorité des demandes émane de journalistes. Le reste, ce sont des chercheurs», explique la commission. Et d'assurer que les journalistes ne sont pas avantagés dans l'ordre de consultation par rapport aux autres citoyens : «Si le boulanger du coin fait sa demande de consultation après Mediapart mais avant le Monde, il consultera les comptes après Mediapart mais avant le Monde.»
Ajoutons que lors de la consultation des comptes, le temps est limité (quelques heures), et les cartons de documents sont nombreux. Les journalistes bénéficient toutefois d’un élément précieux pour aiguiller leur recherche : le compte rendu des débats contradictoires. Y figurent les sujets sur lesquels il y a eu les échanges entre l’équipe et les experts de la commission. Par exemple, concernant Macron, le sujet des ristournes, pour lesquelles la commission avait demandé des éclaircissements à l’équipe du candidat.