«Donner plus de pouvoir» aux gens pour qu'ils «prennent en main leur projet» de formation professionnelle. Et, pourquoi pas, y ajouter un coup de pouce financier pour les aider à développer leurs compétences sur leurs deniers personnels. Telle est l'ambition de Catherine Fabre, la députée LREM rapporteure du volet formation du projet de loi «pour la liberté de choisir son avenir professionnel». Au programme de cette réforme portée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud : un compte personnel de formation (CPF) crédité en euros, et non plus en heures, que les actifs pourront utiliser comme bon leur semble, un accès gratuit à un conseil en évolution professionnelle, et une application numérique dédiée.
Mais la députée n'exclut pas que le projet de loi bouge un peu au cours des débats parlementaires qui débutent lundi. Même discours chez Sylvain Maillard, député LREM porte-parole sur le volet formation du texte. Parmi les amendements «en discussion» que les deux députés soutiennent : un crédit d'impôt formation. Il s'agirait d'aider financièrement les personnes consentant à payer de leur poche une partie de leur formation lorsque leur CPF n'est pas suffisamment crédité pour couvrir la totalité du coût. Ce bonus pourrait prendre la forme d'un crédit d'impôt. Problème, reconnaît Maillard, la «temporalité» de cette mesure, qui induirait une baisse des recettes pour l'Etat, «n'est pas la meilleure». La Fédération de la formation professionnelle, qui est pour, estime qu'elle «coûterait 500 millions à l'Etat pour un gain pour l'économie de près de 20 milliards».
Mais pour certains, la mesure risque de favoriser les plus nantis, qui auront les moyens de s'autofinancer et qui sont bien souvent ceux qui sont déjà les plus qualifiés. Mi-mars, Pénicaud avait fermé la porte à un tel dispositif : «On ne peut pas avoir un système mutualisé comme aujourd'hui et un crédit d'impôt. C'est l'un ou l'autre. On doit rester sur la lignée de notre histoire sociale.» Mais pour Catherine Fabre, la ministre «n'est pas décideur sur ce volet-là».