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Droit de suite

Monoprix : «Nous voulons du concret ou nous bloquerons l’accès au magasin»

Après le mouvement de dénonciation des conditions de travail, la direction du magasin d'Issy-les-Moulineaux a rencontré des représentants syndicaux, mercredi, pour tenter de trouver une sortie de crise. Une initiative restée sans succès.
(Photo Philippe Huguen. AFP. )
publié le 7 juin 2018 à 12h37

La crise s'éternise au Monoprix Gambetta, à Issy-les- Moulineaux (Hauts-de-Seine). Le samedi précèdent, pour la quatrième fois, les employés s'étaient regroupés devant le supermarché pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail, dans un climat particulièrement tendu : lundi 28 mai, leur délégué syndical avait été mis à pied. Ce mercredi, la chaîne a appelé à une réunion de crise, décidée à mettre un terme à la fronde sociale, en rétablissant le dialogue. Réunis autour de la table, Bertrand Grassin, le directeur de l'établissement, et le délégué CGT Alain Tsamas, tête de proue de la contestation, ont discuté, sous l'arbitrage de la responsable régionale des ressources humaines, Anne Liberg, sans pour autant parvenir à s'entendre.

«Il y a eu des avancées mais beaucoup de nos revendications n'ont pas été entendues...», explique le délégué syndical. En s'engageant à transformer avant septembre deux CDD en CDI et donner suite à la requête d'une employée pour le passage d'un contrat de 30 heures à 35 heures, la direction semblait pourtant vouloir tendre la main. Mais Alain Tsamas reste lucide : «Ce n'est pas la première fois que nous rencontrons la RH et ce n'est pas la première fois qu'ils nous font de belles promesses... », se référant à  «l'engagement non respecté» par la direction de fournir une collation aux employés embauchant à 6 heures du matin. Il soutient que les discussions avec la direction ne seraient qu'une manœuvre stratégique, n'ayant pour but que «l'anéantissement de la lutte salariale», sans visée pérenne pour les employés : «A la manière de la carotte pour l'âne», selon lui.

Durcir le ton

Même si la direction a déjà recruté deux salariés depuis lundi et prévoit d'engager une personne supplémentaire dans la semaine, le syndicaliste Alain Tsamas ne savoure pas la nouvelle pour autant : «La personne qui a été engagé pour seulement six mois à la réception vient d'un autre Monoprix. Ce n'est pas du recrutement qui est fait, c'est du recyclage!», s'insurge-t-il.

Autre point de rupture : l'évolution de carrière au sein du magasin. Une question qui aurait été complètement éludée par la direction: «Ça fait plus de dix ans que je suis bloqué au même échelon, comme beaucoup d'autres salariés ici tandis que d'autres moins compétents, sont déjà au-dessus de nous». La cause ? «L'étiquette syndicale», selon le délégué. Il explique : « C'est un frein à toute progression de carrière ici. Et bien évidement, la direction refuse de le reconnaître... »

Alain Tsamas, fort du soutien des syndicats de cheminots, souhaite désormais durcir le ton, en ciblant particulièrement la semaine promotionnelle de la fin du mois. «La parlotte c'est terminé, ce que nous voulons c'est du concret, ou nous bloquerons l'accès au magasin». Contactée par téléphone, la direction n'a pas souhaité nous répondre.