Après le départ surprise de son PDG le 4 mai et la nomination d'une présidente pour une période d'intérim, Air France n'a pas pour autant renoué avec la paix sociale. Ce vendredi, l'intersyndicale qui regroupe notamment les représentants des pilotes, des hôtesses et stewards, FO et la CGT se réunit. Un rendez-vous programmé après que la présidente de transition de la compagnie, Anne-Marie Couderc, a rencontré toutes les organisations syndicales.
Visiblement, la plupart des représentants des salariés sont sortis déçus de ces entretiens, à tel point qu'ils envisagent de lancer un nouveau préavis de grève, après les quinze jours d'arrêts de travail qui ont déjà coûté plus de 300 millions d'euros à l'entreprise. Motif de leur mécontentement: l'absence de nouvelles négociations sur les augmentations de salaire. Le sujet qui justement fâche et a entraîné le départ du précédent PDG, Jean-Marc Janaillac, après un référendum interne.
Du côté des syndicats, portés par le résultat de la consultation, pas question de lâcher l'affaire et d'oublier les demandes d'augmentation salariale après neuf années de gel des rémunérations. La direction répond que le conseil d'administration a donné un mandat très encadré à la direction d'Air France: pas d'augmentations de salaire qui remettent en cause la trajectoire économique de l'entreprise. Ce qui signifie, en langage moins technocratique: pas question de lâcher sur une hausse significative des salaires. «Dans ces conditions, je ne vois pas comment on peut échapper à la grève, surtout après le "non" au référendum», estime un syndicaliste représentant les pilotes. Pour tenter d'éviter un préavis de grève, la direction aurait toutefois proposé une rallonge salariale de 3,65% payable en trois fois et étalée jusqu'au mois de février. Il semblerait que cette offre ait été refusée.
Elle pourrait être reformulée, voire revue à la hausse, lors d'un comité central d'entreprise (CCE) programmé jeudi 14 juin. Alors qu'ils n'étaient pas prévus à cette réunion, la présidente de la compagnie, Anne-Marie Couderc, et le directeur général, Franck Terner, se sont invités afin d'évoquer: «Les actions qui seront mises en œuvre suite à la consultation de mai.» Il s'agit visiblement pour la direction de tout faire pour contrecarrer un nouvel épisode de grève. Cet accès de fièvre social soudain ne devrait, en tout cas, pas faciliter la recherche d'un nouveau PDG pour l'ensemble Air-France KLM. Selon les informations obtenues par Libération, un deuxième cabinet de chasseur de têtes aurait été mandaté pour dénicher l'oiseau rare. Ce qui fait sourire un pilote: «Beaucoup de moyens sont développés pour trouver un nouveau président, mais la décision se prendra de toute manière et comme d'habitude à l'Elysée.»