Contre toute attente, «victoire : la marche des fiertés LGBTI passera enfin dans le Vieux-Lyon !», a annoncé ce vendredi la Lesbian and gay pride (LGP), l'association lyonnaise qui organise le défilé annuel de la communauté homosexuelle, bisexuelle, transgenre et intersexe. Le 16 juin, une partie de la déambulation aura bien lieu sur les quais du 5e arrondissement. «Nous sommes heureuses et heureux car c'est une belle victoire pour les défenseur.e.s des libertés publiques», a estimé la LGP, après la réunion organisée le 6 juin par la préfecture du Rhône avec les différents acteurs concernés par l'événement.
Le 30 mai, le tribunal administratif de Lyon avait pourtant décidé de ne pas suivre l'avis du rapporteur public réclamant l'annulation de l'interdiction partielle décrétée par la préfecture l'année dernière. Depuis quatre ans, c'est elle qui a imposé un trajet différent de celui déclaré par la LGP. «Nous pensions que la préfecture allait s'appuyer sur cette décision pour refuser une fois de plus» que le défilé se rende sur la rive droite de la Saône, a expliqué à Libération David Souvestre, le président de la LGP : «Nous avions préparé plusieurs trajets pour parer leurs arguments, mais nous n'avons même pas eu le temps de les présenter, ils nous ont eux-mêmes proposé un passage dans le Vieux-Lyon, ils ont compris l'importance que cela avait.» Seule concession : l'étape sera plus courte que celle souhaitée par la LGP. «Le sens politique d'y manifester est plus fort que la longueur du trajet», s'est réjoui l'association.
Cette décision fait date car aucune manifestation LGBTI n'a été autorisée dans ce quartier de la capitale des Gaules depuis 2010. Au centre du bras de fer avec les autorités, la question de l'ordre public, menacé par la présence de factions d'extrême droite, qui ont établi leur QG dans les ruelles du centre historique et marquent «leur» territoire à coups d'affiches «inspirées» telles «Pas de défilé par les enfilés»... «Le Vieux-Lyon ne doit plus être […] livré à ces groupuscules […], considère la LGP. Nous manifesterons de manière festive, revendicative et pacifiquement […] pour dénoncer tous ces actes homophobes, sexistes, racistes et xénophobes et réaffirmer avec détermination que ce quartier ne leur appartient pas.» Le mot d'ordre de cette 23e marche : «PMA sans conditions, l'égalité n'attend plus.» La reconquête du Vieux-Lyon non plus.