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Pouloulou

Polémique autour d’un concert de Niska, accusé de misogynie

Des élus locaux et un collectif féministe s’indignent de la tenue ce samedi à Ivry-sur-Seine d’un concert gratuit du rappeur, accusé de véhiculer une image négative des femmes dans certaines de ses chansons.
(Photo Roberto Frankenberg pour Libération)
publié le 13 juin 2018 à 6h30

«La chatte de la petite est sale, mon lit sent le poisson salé», «Elle veut s'acheter des nouvelles fringues, elle bosse pour nous sur Vivastreet» (dans la chanson Salé); ou encore : «Les bitches veulent pomper ma verge/ Elle a des gosses, mais elle est vierge/ Elle veut des loubous, elle fait le tapin» (dans le Wewer) : autant de paroles issues de titres du rappeur Niska qui suscitent la polémique à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), où il doit se produire ce samedi, dans le cadre de la fête annuelle de la ville. Ainsi, plusieurs élus locaux et le collectif féministe Femmes solidaires se sont adressés au maire de la ville, pour demander à ce que «le soir du concert, le répertoire de Niska ne comporte aucune chanson appelant aux violences envers les femmes, ou à la dévalorisation de leur image», selon le Parisien. Ils demandent aussi à ce que «la municipalité s'engage à faire respecter un cahier des charges incluant les valeurs d'égalité femmes-hommes et de lutte contre les violences pour tous les artistes qui seront amenés à venir à Ivry».

Le maire PCF de la ville, Philippe Bouyssou, répond quant à lui être «choqué et scandalisé» par les «propos sexistes» contenus dans certaines chansons du rappeur, connu notamment pour sa collaboration avec Maître Gims sur Sapés comme jamais (2015), pour son clip Freestyle PSG, qui a inspiré un gimmick au footballeur Blaise Matuidi, ou encore pour son tube Réseaux – titre dans lequel figure la rengaine «Pouloulou».

Pour autant, le maire d'Ivry juge «compliqué de demander à un artiste» de faire du tri dans sa programmation, ajoutant, toujours auprès du Parisien, que «beaucoup de gamins sont fous de joie à l'idée de la venue du rappeur». D'autant plus que le concert est gratuit. Et de poursuivre : «Je crains fort que l'on soit beaucoup plus enclins à fouiller sévèrement dans la discographie des rappeurs de banlieue qu'envers des formes plus policées mais qui ne sont pas plus valorisantes pour l'image de la femme.» Et de citer la chanson Melissa de Julien Clerc, dans laquelle le chanteur entonnait, en 1984 : «Matez ma métisse, ma métisse est nue.»

A lire aussi : Le portrait de Niska, «Le coup du charo», paru dans Libération en septembre.