Un retour au bercail. Stéphane Le Foll, député de la Sarthe, pose ses valises au Mans. Jeudi, il a été élu maire de la ville, un poste laissé vacant après le décès du socialiste Jean-Claude Boulard, le 31 mai à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie. Il a promis de s'attacher à «assurer la continuité» du mandat engagé par son prédécesseur. Une pierre deux coups : Sylvie Tolmont, sa suppléante, le remplace au Palais-Bourbon.
L'ancien ministre de l'Agriculture, sous le règne de François Hollande, n'a pas hésité très longtemps à se plonger dans une nouvelle aventure : il n'était plus très heureux à l'Assemblée nationale. Un éléphant dépassé par le «nouveau monde». Dans les couloirs, il avait le sentiment d'être perçu comme un livre d'histoire, une archive. En septembre, dans un café à Paris, il s'étonnait de la teneur des discussions avec d'anciens socialistes, souvent jeunes, élus avec l'étiquette officielle du chef de l'Etat : «La dernière fois, un jeune de Bretagne, très sympa, il est venu me voir pour me parler d'une discussion qu'on avait eue lors d'un meeting de Hollande en 2012… Bien évidemment, je ne me souvenais plus de lui.»
Douloureuse défaite
Depuis l'abandon de François Hollande, son ami, dans la course à l'Elysée, Stéphane Le Foll est en mission : défendre le bilan. Il en a eu l'occasion en mars, lors du congrès du PS. Une tournée dans toute la France, des discussions avec les militants. Le Sarthois était persuadé d'enfiler le costume de chef des socialistes. Sa défaite a été douloureuse. Et le retour à la routine, compliqué à gérer. Un de ses collègues à l'Assemblée témoigne : «Il était en retrait, parlait peu lors des réunions, la victoire d'Olivier Faure lui a mis un coup derrière la tête. Il estime que le poste était fait pour lui et que Faure n'est pas à la hauteur.»
Stéphane Le Foll, qui a refusé un poste dans la direction, s'est transformé en opposant. Le mardi soir, lors du bureau national du PS, il n'hésitait à monter au front face au nouveau chef. Le tout avec son style particulier : le gars qui parle très fort. Une manière de prouver «sa supériorité» face aux têtes roses qui ont refusé de le suivre dans sa quête. Rachid Temal, membre de la direction du parti, qui a voté pour Olivier Faure, donne le sentiment de regretter son choix. Il souffle : «On est nombreux à dire que Stéphane a du talent et qu'il s'exprime très bien.»
Dans l'esprit de certains socialistes, souvent proches de Hollande et jamais en manque d'idées farfelues, un plan s'est dessiné : envoyer Olivier Faure en tête d'affiche lors des élections européennes pour le faire trébucher devant tous les Français et refiler les clés de la maison à Stéphane Le Foll. Sauf que l'ancien ministre a préféré retourner chez lui, au Mans. Mais il ne compte pas couper le son. Il prend juste place dans les «territoires» car, comme le dit Olivier Faure, la reconstruction du PS doit se faire loin de Paris.