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Libération

STX : des contrats et l’ombre de Kohler

publié le 14 juin 2018 à 20h46

La moisson de contrats continue pour STX. Son client MSC a annoncé jeudi la commande d'un nouveau paquebot propulsé au gaz naturel liquéfié, qui s'ajoute à la confirmation de deux autres bateaux. Ce contrat, évalué à «plus de trois milliards d'euros» par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, en visite à Saint-Nazaire jeudi, allonge un peu plus le carnet de commandes de STX France. Son directeur, Laurent Castaing, avait initialement «refusé» cette commande à l'armateur italo-suisse par «manque de capacités industrielles». Entre-temps, un réaménagement du site des chantiers navals de Saint-Nazaire, grâce à l'intervention de l'Etat, a permis de débloquer la situation.

A Saint-Nazaire, Bruno Le Maire a annoncé que l'entreprise allait retrouver son nom originel de «Chantiers de l'Atlantique». Il a aussi voulu «rassurer» les salariés sur la «solidité» de l'accord de fusion noué avec leur concurrent italien Fincantieri. «Il dépasse les petites irritations politiques du moment», a-t-il déclaré, alors que Macron reçoit ce vendredi le nouveau président du Conseil italien, Giuseppe Conte, sur fond de tensions sur la question des migrants. En attendant le feu vert des autorités de la concurrence, STX France va devoir être de nouveau nationalisé «temporairement», a-t-il admis.

Le ministre s'exprime sur une petite tribune installée sous la coque du dernier-né des chantiers navals, où flottent le drapeau français et celui de MSC. Tout un symbole, alors que des soupçons de conflit d'intérêts pèsent sur le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler. Ancien directeur financier de MSC, avec qui il est lié par des relations de famille, celui-ci fait l'objet d'une enquête du parquet national financier pour «prise illégale d'intérêts» et «trafic d'influence», suite à une plainte de l'association Anticor. Qui se demande si le plus proche conseiller de Macron a pu favoriser l'armateur lorsqu'il représentait à partir de 2010 l'Agence des participations de l'Etat auprès de STX France. Laurent Castaing a pour sa part tenu à remercier la famille propriétaire de MSC pour sa «longue relation de confiance» avec son entreprise. «Je suis malheureux d'entendre dire, ici ou là, que cette relation pourrait être ponctuelle ou dictée par des petits intérêts personnels», a-t-il déploré. En marge de la cérémonie, la CGT navale a aussi fait entendre sa voix. «Bruno Le Maire vient pour parler à ses amis, son milieu social : le patronat et les actionnaires, a fustigé son secrétaire général Sébastien Benoît. Aujourd'hui c'est MSC, l'armateur et son patronat, qui sont à l'honneur.»