«Très bonne assemblée générale, échange intéressant avec la salle.» C'est ainsi et avec un sourire un peu crispé, qu'Alexandre Bompard a commenté, pour Libération, les trois heures d'AG des actionnaires de Carrefour vendredi. Il faut dire que la réunion, dans un ancien entrepôt d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), avait tout pour se dérouler de manière un peu agitée. Avec 531 millions d'euros de pertes l'an dernier, un «package» de 17 millions versés au PDG sortant Georges Plassat et des milliers de suppressions de postes au programme, l'entreprise avait plutôt intérêt à jouer profil bas.
C'est ce à quoi s'est employé le nouveau boss : «J'aimerais vous dire qu'aujourd'hui Carrefour est à l'abri et ne risque rien, et qu'Amazon n'est pas en train de changer le commerce. En réalité, des mutations sont en cours et Carrefour n'est pas armé pour les affronter. Seul 1 % des 85 milliards d'euros de notre chiffre d'affaires est réalisé dans le commerce électronique. Et nous n'avons pas réagi face aux concurrents spécialisés». Un tacle appuyé à son prédécesseur. Au premier rang, les administrateurs qui avaient validé la stratégie précédente étaient dans leurs petits souliers. Pour rompre avec le passé, Carrefour va changer son organisation, mais aussi son offre : «La traçabilité dans neuf filières alimentaires, du bio pour 100 % des fruits et légumes et d'ici 2025 aucun œuf de poule élevée en cage», a promis Bompard.
L e sujet des rémunérations a évidemment collé à cette AG. Vêtus de gilets orange, une centaine de représentants de la CFDT également actionnaires se sont chargés d'ambiancer la salle. Sifflets et cris ont ponctué régulièrement les interventions du PDG. «Je n'ai pas de commentaires à faire», a martelé ce dernier à propos de la rémunération de Plassat, finalement adoptée par 68,32 % des actionnaires.