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Terre d'Actions

Antigaspi : tout comprendre aux dates de péremption

On a bien trop souvent la manie de jeter des produits alimentaires, sans savoir parfois s'ils sont encore consommables ou conservables.
(Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
publié le 16 juin 2018 à 9h16
Retrouvez tous les samedis dans la chronique «Terre d’actions» des initiatives pratiques et écolos en France et dans le monde.

Combien de fois des pâtes, des conserves ou encore des gâteaux secs ont fini au fond de votre poubelle alors qu'ils ne le méritaient pas ? Leur seul tort ? Être estampillés de cette mention qui vous parlera forcément : «A consommer de préférence avant le…» La date de durabilité minimale (DDM), celle que le fondateur du projet «La faim du monde», Baptiste Dubanchet, souhaite voir supprimée des emballages. «Ça entraîne une confusion du consommateur, en laissant croire que le produit n'est plus bon une fois la date passée, explique-t-il dans la pétition adressée au Parlement européen. Cette confusion génère un gros gâchis alimentaire.»

«C’est un homicide involontaire»

Rien qu'en France : 29 kilos par an et par habitant, dont sept kilos d'aliments encore emballés, indique l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). «C'est gravissime. Un milliard de personnes meurent de faim dans le monde. C'est un homicide involontaire», s'insurge auprès de Libération celui qui a parcouru le monde pour sensibiliser les populations au problème du gaspillage alimentaire.

Pour rappel, les produits secs (riz, pâtes, lentilles…) ainsi que les boîtes de conserve, dont la DDM est dépassée, «ne présentent pas de danger mais peuvent en revanche avoir perdu tout ou partie de leur qualité (goût, texture…). Les produits non secs (purées, boissons, compotes…) comportant aussi une DDM, peuvent être conservés très longtemps mais une fois ouverts, ils doivent être conservés au frais et consommés très rapidement», précise le site du ministère de l'Agriculture en vertu de la réglementation européenne.

Baptiste Dubanchet, qui a pour le moment recueilli plus de 45 000 signatures en ligne, entend justement se rendre à Bruxelles en septembre prochain pour essayer de monter un dossier. «Je suis en contact avec plusieurs députés européens notamment Tokia Saïfi. Nous travaillons ensemble afin de faire une proposition au parlement.»

Attention toutefois à ne pas confondre la date de durabilité minimale (DDM) avec la date limite de consommation (DLC) («à consommer jusqu'au»). Cette dernière s'applique «à des denrées sensibles, souvent riches en eau, qui sont susceptibles après une courte période de présenter un danger pour la santé humaine», précise le ministère. On peut citer par exemple les yaourts, la viande, le poisson… «qui doivent impérativement être retirés de la vente une fois la date dépassée».

Alternatives

Mais là aussi, il existe une alternative à la benne à ordures : hormis la congélation, il y a la lyophilisation. «Il suffit de le lyophiliser la veille de la DLC. Ça permet de conserver, de préserver les qualités du produit et en plus on réduit notre impact sur l'environnement» détaille Baptiste Dubanchet. Il a d'ailleurs engagé des discussions avec la grande distribution. A l'achat, une telle machine d'occasion coûte entre 20 000 et 30 000 euros et consomme beaucoup d'électricité. «Avant de se lancer, les industriels cherchent à savoir si c'est rentable».

Autre solution : transformer les aliments. Certains en font des boissons, d'autres des confitures ou des soupes. En France, seules quelques PME ou associations le font. Aux Pays-Bas, les grandes surfaces sont déjà sur le créneau. «On n'en est pas encore à ce stade, on est beaucoup plus lents sur ce type d'initiatives», constate Baptiste Dubanchet.