Malgré la fermeture prévue de leur site, les salariés de Buzzfeed France ne baissent pas les bras et comptent bien combattre cette décision, comme l'avait révélé ce week-end le JDD. Cette décision est «injustifiée et surtout, à ce stade, incompréhensible», a regretté leur avocat, Thomas Hollande, dans l'Instant M de France Inter ce lundi. «On a demandé, par la voix de la représentante du personnel et des salariés, des informations pour comprendre les véritables raisons de cette fermeture. On demande la suspension de cette procédure de licenciement tant que ces informations n'ont pas été communiquées à la représentante du personnel.»
À défaut, «s'il n'y a pas de réponse satisfaisante dans les heures qui viennent, une procédure judiciaire sera engagée pour faire suspendre cette procédure de licenciement», menace l'avocat.
Le 7 juin, la maison-mère américaine du site d'information et de divertissement, célèbre pour ses listes à forte viralité, ses quizz humoristiques et ses articles légers, a annoncé la cessation de l'activité de sa filiale française, qui sera effective le 20 juillet. Les quatorze journalistes basés à Paris devraient être licenciés. «Nous prenons des mesures pour reconsidérer notre activité en France, en raison de l'incertitude des pistes de croissance sur le marché français», avait alors expliqué un porte-parole américain de BuzzFeed, sans donner davantage de précisions.
La décision avait complètement pris au dépourvu l'équipe hexagonale. «On a continué d'augmenter notre trafic et de sortir des gros scoops en 2018», avait alors réagi la rédactrice en chef, Cécile Dehesdin. Arrivé en France en 2013, Buzzfeed s'est au fil des mois tourné vers l'info politique, les questions liées à l'inclusion des minorités et au harcèlement, voire l'investigation. Une enquête récente sur les pratiques discriminatoires dans un luxueux restaurant parisien avait été remarquée, et très reprise ailleurs.
«La direction de Buzzfeed ne peut pas invoquer l'absence de recettes publicitaires en France pour justifier cette fermeture», conteste Thomas Hollande. D'après l'avocat, le groupe de médias américain ne s'était guère soucié de la viabilité à court terme de la filiale française : «Jusqu'à présent, le modèle économique prôné par le groupe Buzzfeed n'avait pas forcément comme objectif une rentabilité économique et financière immédiate.» Quant à la question des revenus publicitaires, «les salariés de Buzzfeed s'en sont inquiétés» à plusieurs reprises et se sont heurtés à «un refus de la direction de mettre en place une régie publicitaire en France».