Menu
Libération
Éditorial

Presse-purée

publié le 18 juin 2018 à 20h46

Ancienne patronne de la maison de production Endemol, qui a créé la télé-réalité, Virginie Calmels est virée du Loft LR. Pour être franc, il y a une logique dans cette mise à l'écart. Seconde de Wauquiez après avoir été lieutenante de Juppé à Bordeaux, Virginie Calmels a lâché maints coups d'escarpin dans les tibias de son nouveau patron. Dans le Parisien, elle a dit combien la ligne très droitière du chef de LR lui déplaisait. Sa surprise, au vrai, était surprenante : Wauquiez affichait déjà des convictions notoirement réacs quand Calmels avait décidé de le rejoindre. On s'était alors demandé comment l'étoile montante du libéralisme mou pouvait soudain rallier la droite dure, sinon parce que les actions juppéistes étaient à la baisse et celles de Wauquiez à la hausse. On se demande aujourd'hui pourquoi elle l'a lâché si vite. Sans doute parce que Virginie Calmels vient du privé : elle applique les lois du marché. Elle renvoie le produit Wauquiez chez le fabricant comme un presse-purée dont on a mal lu l'étiquette. Opportuniste sans états d'âme, Calmels est une sorte de Judas-express, de Iago-minute. Wauquiez en tirera-t-il avantage ? Rien n'est moins sûr. Depuis qu'il s'est débondé devant un aréopage d'étudiants, promettant de ne pas leur servir «le bullshit» qu'il réservait habituellement aux plateaux de l'audiovisuel, les spectateurs ont pris Wauquiez au mot : à chaque fois qu'il passe à la télé, le mot «bullshit» clignote en haut et à droite de l'écran. Du coup, il plafonne dans les enquêtes d'opinion et beaucoup de caciques de la droite se demandent s'ils ont enfourché le bon cheval. Côté identitaire et eurosceptique, le paysage est encombré. Côté libéral-européen, Macron occupe toute la place. Pour passer par ce trou de souris, Wauquiez compte sur l'opinion. Mais celle-ci le juge trop autoritaire. L'épisode Calmels ne va pas arranger son affaire.