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Libération
Témoignage

«C’est d’une totale hypocrisie, on s’est sentis pris au piège»

Charlotte Brun, adjointe chargée de l’éducation à Lille, 230 000 habitants
publié le 19 juin 2018 à 19h56

«Nous retournons à la semaine de quatre jours. Les villes se retrouvent à faire un choix que le gouvernement n’assume pas en prétextant ne pas avoir d’avis sur la question. Ce qui est faux. En réalité, le gouvernement a un avis, il est pour le retour à quatre jours, sans le dire. C’est d’une totale hypocrisie et c’est orchestré sciemment. Nous avions demandé des études d’impact pour évaluer la semaine des quatre jours et demi, et notamment telle que nous l’avions construite à Lille, avec la classe le samedi matin et une pause le mercredi pour que les enfants puissent se reposer. Les conclusions de ces études devaient être versées au débat public en décembre. On les attend toujours ! Pourquoi ne pas les avoir rendues publiques ?

«A Lille, nous avons monté des groupes de réflexion de parents, organisé des conférences avec des chronobiologistes… Mais les outils d’évaluation ont fait défaut. On s’est sentis pris au piège. [La maire] Martine Aubry a toujours dit qu’elle était pour le maintien de la semaine de quatre jours et demi. Mais elle ne peut pas l’assumer seule. Comment porter cette décision qui a une influence sur le rythme de travail des enseignants, qui ne sont pas des agents sous sa responsabilité ? Avant la présidentielle, on sentait la pression des enseignants monter lors des conseils d’école. Le décret permettant le retour à quatre jours a ouvert les vannes l’été dernier : dans le département, 60 % des communes sont revenues en arrière. A Lille, nous n’avions pas d’autre choix que d’ouvrir le débat, et faire en sorte qu’il soit le plus apaisé possible. Ce que malgré tout, nous avons réussi à faire.»