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Justice

L'ancien ministre Urvoas mis en examen pour violation du secret de l'enquête

Jean-Jacques Urvoas est visé par une enquête pour avoir fourni au député des Hauts-de-Seine Thierry Solère une note confidentielle sur des investigations judiciaires pour une fraude fiscale le concernant.
Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la Justice, à Paris le 17 mai 2017 (Photo GEOFFROY VAN DER HASSELT. AFP)
publié le 20 juin 2018 à 19h58

L'ancien ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a été mis en examen par la Cour de justice de la République, mardi, selon le journal le Monde. L'ex-ministre socialiste est visé par une enquête pour avoir fourni au député des Hauts-de-Seine Thierry Solère une note confidentielle sur des investigations judiciaires pour une fraude fiscale le concernant. La Cour de justice avait ouvert une enquête en janvier pour violation du secret de l'enquête.

Selon le Canard enchaîné, qui avait révélé l'affaire, ces faits se seraient déroulés en 2017, entre les deux tours de l'élection présidentielle. A l'époque, Thierry Solère, alors affilié aux Républicains, envisageait un avenir glorieux en macronie. Pour assurer ses arrières judiciaires, il sollicite le ministre de la Justice, pour être informé du contenu d'une enquête préliminaire ouverte quelques mois plus tôt pour «fraude fiscale», «blanchiment», «corruption», «trafic d'influence» et «recel d'abus de biens sociaux».

Jean-Jacques Urvoas, alors à quelques jours de quitter son poste place Vendôme, lui aurait transmis via la messagerie chiffrée Telegram, une synthèse sur l'affaire réalisée à sa demande par la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG). Accompagné d'un petit mot : «Amitiés, Jean-Jacques Urvoas.» Malheureusement pour l'ancien ministre de la Justice, Thierry Solère n'a pas cru bon d'effacer de son portable le message et la note de la DACG. Lors d'une perquisition effectuée au domicile du député Solère, l'échange a donc été découvert par les enquêteurs.

Quelques jours avant les faits qui lui sont reprochés, Jean-Jacques Urvoas affirmait lors d'une interview à Libération, qu'«il n'y a pas de transmission à l'autorité politique de choses qui relèvent de la responsabilité judiciaire.» Le ministre était alors interrogé sur les risques de fuites de son fait dans les dossiers judiciaires via la transmission d'informations sensibles. Avec en arrière plan, l'affaire Fillon et ses accusations de cabinet noir à l'Elysée. Pour Urvoas, ces envois permettaient simplement de coordonner l'action publique et d'harmoniser la politique pénale.