On a longtemps pensé que le parti d'Emmanuel Macron, En marche, avait les qualités de ses défauts : celles de ces créations, nées ex nihilo, sans passé ni ancrage territorial. L'enquête de Libération démontre que l'on avait en partie tort. Le cœur de la macronie bat en réalité à Lyon. On savait que Gérard Collomb avait été son premier et indéfectible soutien avant de devenir son intraitable ministre de l'Intérieur. Notre enquête démontre qu'il n'a pas été qu'un simple supporteur : il a mis au service de la campagne présidentielle de Macron un réseau puissant et une machine parfaitement huilée par des dizaines d'années de renvois d'ascenseur. Au centre du système : une entreprise (GL Events), devenue un géant de l'événementiel, et un homme d'affaires inconnu du grand public (Olivier Ginon), qui aurait rêvé de pouvoir le rester.
Notre enquête ne révèle rien d’illégal dans ce grand troc d’intérêts bien compris entre les trois hommes, où s’entremêlent argent privé et ambitions publiques. Ginon a mis son entreprise au service de Collomb, lequel a fait de Ginon un acteur incontournable et dominateur de sa ville. Cette arrière-cuisine lyonnaise, aussi professionnelle que discrète, a servi de camp de base pour Macron. Ginon ne pouvait pas s’en plaindre. Le capitalisme français est ainsi fait que l’accès à un président de la République est souvent un formidable accélérateur de fortune, et toujours une remarquable police d’assurance en cas de coups durs. Selon plusieurs médias, Olivier Ginon et son entreprise auraient procédé à des ristournes pour différents meetings du candidat d’En marche. Ce qui serait illégal. Lui se défend en affirmant n’avoir jamais rien fait d’autre que du business. La suite le dira. Une chose est sûre : une figure clé de la macronie vient d’émerger.