Emmanuel Macron pourra trouver injuste qu'on vienne le chercher sur son projet de faire installer une piscine hors-sol sur les terrasses du fort de Brégançon. Il est vrai que cet équipement, compris dans l'enveloppe globale de 150 000 euros pour 2018 dédiée à la rénovation de la résidence présidentielle, sera vraisemblablement nettement moins coûteux que la vraie piscine creusée - en 1989, une autre époque - sur ordre de l'irréprochable Michel Rocard dans sa résidence de la Lanterne, en plein parc du château de Versailles. Mais l'ex-Premier ministre, inventeur du RMI, n'avait pas jugé bon, lui, de se désoler publiquement qu'un «pognon de dingue» soit dépensé pour garantir des minima sociaux. Son entreprise de restauration d'une solennité quasi monarchique étant loin de faire l'unanimité, Macron est surveillé de près sur tout ce qui touche au train de vie du Palais. Ce fut, au début du mois, la révélation par le Canard Enchaîné de la commande d'un nouveau service de porcelaine pour l'Elysée. Plus de mille assiettes à 400 euros pièce, la facture était salée, notait le palmipède. A l'Elysée on précise que «le budget de production du service de table est pris en charge sur le budget de fonctionnement annuel».

Réaménager le fort de Brégançon procède de la volonté d'investir les lieux symboliques de la république : l'ancienne forteresse militaire n'avait-elle pas été promue «résidence officielle» du chef de l'Etat par le général de Gaulle ? Pour Guillaume Daret, auteur d'un livre sur le fort paru début juin, l'installation d'une piscine vise à pouvoir se baigner «sans s'exposer aux paparazzi». A l'Elysée, on suggère même que cet équipement représentera une économie, puisqu'elle permettra de se dispenser du coûteux dispositif de sécurité mobilisé quand le Président nage en pleine mer.