Retenez-moi ou je me fâche. C'est en substance le message envoyé par les instances patronales, après les remous créés par les indemnités de départ de l'ex-PDG de Carrefour, Georges Plassat. L'Afep (qui regroupe les très grandes entreprises) et le Medef (qui compte, dans ses rangs, des sociétés de toutes tailles) ont quelque peu durci leur code de gouvernance. Il s'agit d'un manuel de bonne conduite pour les dirigeants de grandes entreprises et tout particulièrement celles cotées en Bourse, puisqu'elles font appel à l'argent des actionnaires individuels.
Flash-back sur la semaine dernière pour ceux qui ont manqué le psychodrame Carrefour. L’annonce d’une rémunération totale (indemnité + salaire + plus actions gratuites) de 17 millions d’euros pour le PDG sortant, Georges Plassat, a créé de sérieux remous et pas uniquement durant l’assemblée générale des actionnaires. Dans la foulée le ministre de l’Économie a décroché son téléphone et demandé à la nouvelle direction de Carrefour et aux organisations patronales de réagir.
Message reçu en deux temps. D’abord Georges Plassat a été poliment mais fermement prié de renoncer à une partie de son package : 4 millions d’euros sur 17, qui correspondaient à une prime de départ déguisée. Ensuite et dans l’urgence, Le Medef et l’AFEP ont rajouté une disposition au code de bonne conduite, version 2018, qui était déjà «sous presse».
Les clauses de non-concurrence, qui en principe, interdisent à un patron de prendre la tête d’une entreprise située dans le même secteur que celle où il officiait sont plus strictement réglementées. Cette «enveloppe» sera désormais interdite pour ceux qui ont plus de soixante-cinq ans ou ceux qui font officiellement valoir leurs droits à la retraite.
La nouvelle mouture du code Afep-Medef demeure toutefois trop timorée aux yeux des défenseurs des intérêts des actionnaires. Loïc Dessaint qui, à la tête du cabinet Proxinvest, les conseille, notamment dans leur vote au moment des assemblées générales a quelques motifs d'insatisfaction. Il regrette que le plafond maximum d'indemnités de départ, pour un dirigeant soit fixé à deux années de salaire (fixe plus variable, soit en moyenne 4 millions d'euros), alors qu'il est plutôt de 12 mois dans le monde anglo-saxon. Il note, en outre, une déconnexion avec le sort des salariés qui prennent la porte d'une entreprise: «La loi travail limite à 20 mois de salaire, les indemnités maximales auxquelles peut prétendre un salarié devant le conseil des prud'hommes et encore faut-il qu'il ait 29 ans de présence dans l'entreprise. Un PDG, lui a droit à deux ans.»