Menu
Libération
Le portrait

Claire Nouvian, garde la pêche

Article réservé aux abonnés
Lauréate du prix Goldman, Nobel de l’écologie, la pasionaria au look propret se donne corps et âme à sa lutte contre les chalutiers voyous.
(Photo Stéphane Remael pour Libération)
publié le 26 juin 2018 à 17h06

Elle donne rendez-vous dans un café à deux pas du jardin du Luxembourg, à Paris. Ballerines et chemisier sages, visage d’ange, Claire Nouvian a l’apparence d’une mère de famille BCBG à la sortie de la messe. Mauvaise pioche. Dès que la fondatrice de l’ONG Bloom se met à parler, le Christ tombe de sa croix. Voix rauque, gouailleuse, langage fleuri truffé de «putain» et de «j’en ai rien à foutre», tutoiement facile. Elle vous embarque dans un tourbillon d’indignation et de rage. Au terme d’une campagne acharnée, elle a obtenu en 2016 l’interdiction du chalutage en eaux profondes dans l’Union européenne. Ce qui lui a valu d’emporter en avril le prix Goldman, sorte de Nobel de l’environnement. Aujourd’hui, elle ferraille contre la pêche électrique, bannie en Europe en 1998 car destructrice mais rétablie en 2006, officiellement à des fins de recherche scientifique. Et grassement subventionnée, en toute illégalité. Ses armes : pétitions, plaintes contre les Pays-Bas (où 30% des chalutiers sont équipés, au lieu de 5% autorisés). Elle s’anime devant son citron pressé. Les pêcheurs néerlandais ? « Une mafia ! » Les Pays-Bas ? «Le pays le plus corrompu sur la pêche.» L’Ifremer, en France ? «Coupable» d’avoir dissimulé un rapport sur la mortalité des alevins électrocutés. Les grosses ONG environnementales ? «Elles dorment, n’emmerdent personne, au contraire les industriels leur filent un chèque.»

Claire Nouvian, ell