Les déchets ont maintenant leur festival, on vit une époque formidable. Attention, c'est pour la bonne cause, pas pour fêter les 390 kilos d'ordures ménagères par an et par habitant français (ce qui signifie des décharges, des déchetteries, des oiseaux et des mammifères qui meurent par milliers, de la malbouffe à gogo et des milliards, 14 par an, pour gérer les déchets… ok j'arrête). Mais bien pour lutter contre «les bouteilles en plastique, cartons, milliards de boîtes de pâtée pour chats, conserves diverses, essuie-tout à gogo, contenants divers de gel douche, liquide de nettoyage des vitres, lessive, emballages de fromage, jambon, barquette de viande, sac genre kraft, du papier alu», comme nous l'écrivions (pardon pour l'autopromo) récemment, effarés par la tonne de déchets à l'échelle d'une famille de quatre humains et autant de chats.
Zero Waste France et la Maison du Zéro Déchet présenteront ainsi, à partir de ce jeudi à Paris, «avec une centaine d'intervenant·e·s, des solutions pratiques et partageront leurs connaissances pour développer le zéro déchet à toutes les échelles», dixit le site qui maîtrise bien l'écriture inclusive, en sus.
Projet de directive européenne
«Zero waste», mouvement né en Californie dans les années 80 et qui a fait des petits un peu partout en France où l'organisation est implantée depuis 2014 : de plus en plus (depuis deux ans, selon l'organisation), on se sensibilise au niveau local du fardeau des poubelles. A Aix, à Grenoble, à Paris, ou à Lille où un plan local de prévention a été mis en place pour que les habitants (volontaires) s’attaquent aux déchets non recyclables (plastique genre sachets de pâtes ou de fromage râpé, jambon ou viande en barquette, plats préparés, pots de yaourt).
Fin mai, la Commission européenne rendait public un projet de directive pour interdire le plastique à usage unique. En mars, les Pays-Bas ouvraient à Amsterdam leur premier supermarché absolument «plastic-free». En France, le gouvernement évoque un retour à la pratique de la consigne des bouteilles de verres… Mais pendant ce temps-là, McDo déverse 115 tonnes d'emballage par an en France, et peut se vanter de faire utiliser 2,8 tonnes d'emballages jetables PAR MINUTE dans le monde. Il y a encore du gros-œuvre, même si ça bouge un peu dans la barquette.
L'idée, c'est de «réfléchir ensemble et d'apporter des solutions pour généraliser le zéro déchet», en trois points essentiels. Diffuser le message et sensibiliser tout les publics, en passant de l'individuel au collectif. Faire entrer le zéro déchet au bureau (allô, la machine à café et les gobelets en plastique, les dosettes Clooney pas du tout du tout écolos, le papier gâché etc.), donc de l'anecdotique à la norme. Enfin, passer du local au global : «Comment, en réduisant les déchets, peut-on limiter leurs impacts sur notre santé, l'environnement, le climat et contribuer au développement économique et social ?», interroge le site.
De l'expérience et du concret
Les trois jours de festival ont pour ambition de «donner les idées et moyens qui permettront à chacun et chacune de mettre en place la démarche zéro déchet, zéro gaspillage». Avec surtout du pratique : le partage d'expérience de Jérémie Pichon et de son épouse, auteurs du rigolo opus Famille (presque) Zéro Déchet, autour du mode de vie zéro gaspillage, riche en conseils assez faciles à suivre (pour l'avoir testé, on peut l'affirmer). Et aussi des ateliers pratiques en tous genres : réparation, compostage, fabrication. Eh oui, un lombricomposteur ou des toilettes sèches, ça ne s'improvise pas.
Programme complet ici. Du 28 au 30 juin au Cabaret sauvage à Paris