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Criteo, star française du Web, cherche à se relancer en pariant sur l’IA

Spécialisée dans les technologies d’affichage publicitaire sur le Web, cette entreprise de 3 000 salariés cotée au Nasdaq a annoncé l’ouverture d’un centre de recherche en intelligence artificielle à Paris.
Jean-Baptiste Rudelle lors de la conférence de presse de Criteo, mercredi. (Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 28 juin 2018 à 11h18

Le fondateur de Criteo Jean-Baptiste Rudelle est de retour aux affaires et se rêve en alternative à la mainmise des Gafa sur le marché de la publicité numérique. Lors de sa première sortie publique comme PDG de l'entreprise dont il avait abandonné la tête en 2016, mercredi, il a annoncé un investissement de 20 millions d'euros dans la création d'un centre de recherche en intelligence artificielle installé à Paris avec l'objectif d'y recruter 150 ingénieurs et chercheurs. «Il s'agira d'être capable de montrer exactement le bon produit au bon moment, ce que l'on réussit de temps en temps mais que l'on rate souvent aujourd'hui, de proposer aux utilisateurs des marques qui leur plaisent à partir des données collectées, a-t-il expliqué. On a parlé ici et là de la mort de Criteo mais le business est extrêmement sain et le marché super-bon.»

«Reciblage publicitaire»

Chef de file de la «French Tech», Criteo, la société introduite sur le Nasdaq américain en 2015 a connu une sérieuse alerte à l'automne dernier lorsque Apple a décidé de supprimer certains cookies de son navigateur Safari afin de limiter au nom de la protection des données personnelles le traçage des internautes. Or Criteo qui a inventé une technologie de «reciblage publicitaire» des usagers du Web en pistant leurs parcours de navigation a pâti de cette décision. Elle le privait d'informations précieuses qu'il vend aux commerçants. Par exemple, lorsqu'un consommateur écume les sites proposant des canapés à la vente, Criteo le repère et va lui afficher des publicités de sofas sur les nouvelles pages qu'il visite. Et lorsque l'on clique sur ces annonces ou qu'une personne passe à un achat en ligne, le commerçant rémunère Criteo. Un modèle peu intrusif affirme l'entreprise dans la mesure où l'on peut facilement désactiver ces publicités ciblées en décochant une option sur ces annonces ou via son navigateur. «Notre système est transparent, affirme le PDG de Criteo. Ceux qui ne veulent pas de cette publicité ciblée peuvent facilement la bloquer et nous avons appliqué le RGPD avant l'heure.» Et d'affirmer qu'à la différence des Gafa, «Criteo ne cherche ni à être un média caché, ni une plateforme marchande court-circuitant la relation entre les clients et les marques.»

Interrogé sur le montant de son investissement dans l'IA, presque ridicule face aux sommes mobilisées par les Gafa américains et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) chinois, Jean-Baptiste Rudelle a répondu que «Criteo n'a certes pas les mêmes moyens mais veut seulement être le meilleur sur certains sujets. Nos clients, dit-il, disposent déjà de technologies au moins aussi bonnes, et souvent meilleures, que celles d'Amazon».

Laboratoire

Le laboratoire de Criteo qui sera situé au cœur de la capitale, dans le IXe arrondissement n'est que le dernier d'une longue liste de centres d'intelligence artificielle ouverts récemment dans la capitale. Créé en 2015, celui de Facebook, le plus important au monde pour le réseau social, accueille plus de 100 chercheurs et thésards et ne cesse de grossir. Microsoft collabore avec l'Institut national de recherche en informatique et en automatique depuis de nombreuses années. Et dans la foulée du rapport du mathématicien député Cédric Villani sur le sujet, Samsung, Fujitsu et DeepMind, la filiale de Google qui a vaincu le champion du monde du jeu de go, ont tous annoncé la création de laboratoires. De ce point de vue aucun doute, Criteo est bien dans l'air du temps.