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Libération

La France veut briller un peu plus dans l’énergie solaire

publié le 28 juin 2018 à 20h26

Après Eole, Apollon : voilà que Nicolas Hulot, qui se disait encore récemment agacé par «la dérive» nucléaire d'EDF au micro de France Info, retrouve quelques couleurs au soleil des énergies renouvelables. Une semaine après le feu vert donné par Emmanuel Macron à six parcs éoliens en mer, et en plein débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie, le ministre de la Transition écologique peut se targuer d'un pas encourageant vers plus d'électricité verte, en attendant un peu moins d'atome. Son secrétaire d'Etat, Sébastien Lecornu, a annoncé jeudi une grande «mobilisation» pour booster la production d'électricité photovoltaïque, encore très modeste en France.

Joliment baptisé «Place au Soleil», le plan présenté par Lecornu prévoit de favoriser l'autoconsommation d'électricité photovoltaïque par les particuliers mais surtout de mettre à contribution les géants français de l'énergie (EDF, Engie, Total), les grandes chaînes de distribution (Auchan, Carrefour, Leclerc, Système U…), et jusqu'à l'armée. Les premiers seront encouragés à créer de grandes usines solaires, les seconds à tapisser les toits de leurs hypers de panneaux photovoltaïques, tandis que la grande muette libérera du foncier.

Objectif : faire du solaire le principal levier pour arriver à «32 % d'électricité renouvelable dans le mix énergétique en 2030». Et, si possible, ramener à cette date la part du nucléaire à 50 % (contre plus de 70 % aujourd'hui). Même les bâtiments classés seront mis à contribution avec l'installation de «tuiles solaires discrètes» approuvées par… Stéphane Bern (à qui le gouvernement vient de confier une «mission patrimoine»).

Actuellement, les énergies renouvelables représentent moins de 20 % de la production d'électricité, et encore, essentiellement grâce aux 400 barrages hydrauliques d'EDF. Et le bilan du solaire reste pour l'heure particulièrement modeste : selon les chiffres de RTE, le photovoltaïque couvrait en 2017 moins de 2 % de l'électricité consommée en France, contre 5,5 % pour l'éolien et 11,2 % pour l'hydroélectricité… La France est loin de l'Allemagne, qui produit aujourd'hui près de cinq fois plus d'électricité solaire que nous, et même du Royaume-Uni, dont la météo est pourtant peu favorable. D'où cette urgence soudaine à accélérer dans le solaire, dont les coûts de production ont considérablement baissé (- 11 % en 2017 à 55 euros / MWh) pour venir tutoyer les prix du marché de l'électricité et concurrencer ceux du nucléaire.

Si comme l’éolien, le solaire est une énergie intermittente - contrairement à l’atome -, le potentiel est grand sur le papier : selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le gisement du photovoltaïque sur toitures est de 360 000 hectares pour 350 GW en France. Et au sol et sur parkings, il atteint 775 GW. Soit 100 fois ce qui existe aujourd’hui en France. Le pays s’est fixé comme objectif d’installer entre 18 200 et 20 200 mégawatts (MW) de capacités solaires d’ici à 2023, contre environ 8 300 MW à la fin du mois de mars.