Il était devenu le visage familier des mauvaises nouvelles, une figure judiciaire à la parole attendue en cas de sidération nationale. Depuis novembre 2011, François Molins a été confronté aux attentats perpétrés par Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban en 2012, ou encore ceux de Charlie Hebdo en janvier 2015. C'est lui qui a également communiqué après les tueries du 13 Novembre à Paris ou du 14 juillet 2016 à Nice. Sans oublier l'assassinat du père Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray ou celui du couple de policiers à Magnanville. Après l'effroi, venait toujours Molins.
Procédure de «transparence»
Droit face au pupitre, légent accent pyrénéen, il était celui qui inlassablement expliquait, décryptait, faisait le point sur l'enquête, disait l'émotion. Désormais, il ne sera plus le procureur de Paris et la voix de l'antiterrorisme français mais procureur général près la Cour de cassation. Autrement dit, il sera chargé d'éclairer en droit et en opportunité les juges de la plus haute formation de l'ordre judiciaire. François Molins, qui ne peut légalement rester plus de sept ans au même poste, vient d'être désigné par la chancellerie pour assurer la succession de Jean-Claude Marin. Est-ce parce que l'idée d'un parquet national antiterroriste dont il se murmurait qu'il devait prendre la tête a été «ajournée» ?
Toujours est-il que depuis la loi organique du 8 août 2016, les procureurs généraux de cour d'appel et celui de la Cour de cassation ne sont plus nommés en conseil des ministres. Pour la première fois, il faut en passer par une procédure de «transparence». Plusieurs candidats ont donc été auditionnés par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet : Philippe Ingall-Montagnier, premier avocat général près la Cour de cassation, Robert Gelli, procureur général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, Pierre Valleix, procureur général à Montpellier et donc François Molins. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), institution garante de l'indépendance des magistrats va entendre, à son tour, tous les candidats afin de donner un avis sur la pertinence de ce choix (sans toutefois pouvoir légalement s'y opposer).
Sorte d’apogée
A 64 ans, François Molins pourrait donc se glisser dans l’hermine de son prédécesseur qui part à la retraite. Soit un poste hautement symbolique puisque le procureur général près de la Cour de cassation est le plus haut magistrat du parquet en France. C’est une sorte d’apogée pour celui qui a commencé sa carrière comme parquetier de base : il a décroché son premier poste à Carcassonne, comme substitut du procureur.
Après un passage à Montbrison (Loire) et à Villefranche-sur-Saône (Rhône), il exerce à Bastia en 1991, comme substitut général. Puis à Lyon et Angers avant de devenir procureur de la République à Bobigny en 2004. Entre 2009 et 2011, soit juste avant sa nomination à Paris, il a officié en tant que directeur de cabinet des ministres de la Justice Michèle Alliot-Marie et Michel Mercier. Pour l’heure, il ne devrait pas quitter le parquet de Paris avant l’automne afin de ne pas laisser le poste vacant. Reste à savoir qui sera le favori pour lui succéder.