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Libération

A Grenoble, Hamon se pose en «antidote à la peste néolibérale»

A la convention du mouvement Génération·s, qui se tenait ce week-end à Grenoble, l’ex-candidat socialiste a multiplié les attaques contre Emmanuel Macron.
Benoît Hamon, à Grenoble dimanche.. (Photo Etienne Maury. Hans Lucas pour LIbération)
publié le 1er juillet 2018 à 20h46

Ala fin de son discours de clôture de la convention du mouvement Génération·s qui s’est tenue ce week-end à Grenoble, la sueur coule sur le front de Benoît Hamon. Un proche lui tend une bière fraîche. L’ancien socialiste a l’air content. Quelques minutes auparavant, sur scène, il a proposé plusieurs ambiances devant un parterre de plus d’un millier de militants. La première, une minute de silence en hommage aux migrants morts ces dernières années dans les eaux de la mer Méditerranée. La seconde, des attaques très ciblées à l’endroit du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et sa politique. Et en conclusion, un message envoyé à la gauche, celui du rassemblement une année avant les élections européennes.

«Honte». Debout, avec sa veste de costume bleu malgré la canicule, ça donne un discours à la tonalité très mordante. «C'est un révélateur de cette époque où l'on peut mentir impunément en recevant le héros Mamoudou Gassama à l'Elysée quand il sauve un enfant et en même temps, laisser des enfants à la dérive sur un bateau.» Selon lui, la politique à l'égard des migrants est un «terrible révélateur de lâcheté», une «défaite intellectuelle et morale». Au fil des mots, Hamon répète à plusieurs reprises le mot «honte». L'opinion publique est contre l'accueil des migrants ? «Et alors ?» répond-il avant de se replonger dans le passé et l'abolition de la peine de mort qui n'avait pas les faveurs des foules. La salle se lève.

Benoît Hamon n'a pas oublié la politique économique du président «des riches». Il pose une question : «L'assistanat, c'est leur mot préféré, mais lorsque le patron de Carrefour part avec des millions en supprimant des milliers de postes, nous parlons de super-profitanat ?» Le chef du mouvement Génération·s se voit comme «l'antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste» - et ce n'est pas la première fois qu'il le dit. Le tout sous le regard de Régis Juanico, député de la Loire qui a récemment quitté le PS pour rejoindre Génération·s. D'ailleurs, l'ancien candidat à la présidentielle a fait une proposition à tous les parlementaires de gauche et «même» de droite : sécher le discours d'Emmanuel Macron, le 9 juillet au Congrès de Versailles, ce «jeune monarque» qui «bafoue» la démocratie et «méprise» le Parlement.

Chapelle. Le discours est offensif, lyrique, il galvanise les militants qui s'enflamment, certains lâchent même du «Benoît président !» sans craindre d'aller un peu vite en besogne. L'ex-socialiste le sait. Le combat se mène dans les urnes, une échéance électorale après l'autre, et là ce sont les européennes qui approchent. Il explique à qui veut l'entendre qu'aucune petite chapelle ne peut seule renverser la table : «Si tous les écologistes se réunissent [y compris Génération·s, ndlr], on peut être la première force d'opposition à Macron.» Pour le moment, c'est mal barré : EE-LV, sous l'influence du député européen Yannick Jadot, se dirige vers une liste autonome. Hamon ne désespère pas : «Nous ferons face en souriant à la litanie des stratégies inavouables des acteurs minuscules pour retarder cette unité. Mais je vous l'annonce, elle se fera en dépit des vieux appareils.»