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Libération
L'âge bêtes

Pour la postérité des «Poilus à quatre pattes»

Le conseil de Paris doit examiner en début de semaine une proposition visant à rendre hommage aux animaux sacrifiés durant la Première Guerre.
Des chevaux réquisitionnés pour aller sur le front pendant la Première Guerre. (Archives AFP)
publié le 1er juillet 2018 à 15h38

On évalue à onze millions le nombre d’animaux utilisés à des fins militaires durant la Grande Guerre. Des ânes portaient des munitions, des vivres et du courrier dans les tranchées, des chevaux servaient de moyen de locomotion, des mulets tractaient des pièces d’artillerie lourde, des pigeons voyageurs étaient utilisés comme messagers, des chiens se voyaient chargés de repérer des blessés sur les champs de bataille… Tous ont partagé ces heures sombres aux côtés des hommes, parfois revêtus, comme eux, de masques à gaz adaptés à leur taille. Et l’immense majorité de ces animaux sont morts «au combat», au nom d’une folie guerrière dont ils ignoraient tout.

«Rôle méconnu»

A l'occasion du centenaire de l'armistice, une trentaine d'associations de protection animale souhaite honorer la mémoire de ces millions de poilus à quatre pattes en leur érigeant un monument. «Créer un tel lieu de mémoire à Paris nous semble important car les animaux ont joué un rôle méconnu mais majeur pendant la Première Guerre, explique la présidente de Paris Animaux Zoopolis, l'association à l'origine de cette initiative, Amandine Sanvisens. Ne pas les oublier et reconnaître leur souffrance, c'est aussi changer notre regard sur les animaux qui nous entourent aujourd'hui.»

Porté par la conseillère Danielle Simonnet (FI) ainsi que par le groupe écologiste, un vœu visant à créer un tel monument sera débattu et soumis au vote du Conseil de Paris en début de semaine. La perspective de cet hommage est d'ores et déjà soutenue par Le Souvenir français : dans une lettre adressée à la mairie de Paris, cette association d'anciens combattants évoque une «tragédie animale oubliée» et rappelle que «sur les champs de bataille, l'animal est très souvent apparu comme l'ami le plus proche de l'Homme»…

«Pour l'heure, Paris n'a pas souhaité se prononcer sur ce projet, regrette Amandine Sanvisens. En revanche, le ministère des Armées se révèle plus ouvert : il nous reçoit lundi pour évoquer cette question.»

Héros de tout poil

Le 22 mai, le conseil du XIVe arrondissement s’est déjà prononcé en faveur de la pose d’une plaque commémorative boulevard Jourdan, à l’emplacement d’un ancien dépôt où étaient rassemblés les chevaux en partance pour le front. Le IIe et le VIIe arrondissement devraient se prononcer sur des vœux similaires en septembre.

L’idée d’édifier à Paris un monument consacré à la mémoire des animaux de guerre a même été relayée à l’Assemblée : le 12 juin dernier, la députée LREM de l’Eure, Claire O’Petit, déposait une question écrite en ce sens à la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées. L’occasion pour cette parlementaire de rappeler que d’autres capitales – Bruxelles, Londres, Canberra – avaient déjà rendu un tel hommage à ces héros de tout poil.