Le choix du remplaçant de Jean-Marc Janaillac à la tête d'Air France serait-il en train de prendre un tour plus politique ? Ecarté du processus de recrutement pour succéder au PDG démissionnaire du groupe aérien franco-néerlandais, le directeur financier de Veolia Environnement, Philippe Capron, a très peu apprécié la manière dont il aurait été bloqué au motif de son absence d'expérience du secteur. Alors qu'il avait été sélectionné par le comité de nomination composé de sa PDG par intérim, Anne-Marie Couderc, de l'administrateur néerlandais d'Air France-KLM et d'un représentant de l'Etat.
Dans un courrier adressé à la patronne de la compagnie que se sont procuré le Monde et la Tribune, Capron écrit avoir «surtout eu l'impression que [son] arrivée dérangeait ceux qui voulaient faire main basse à bon compte sur Air France-KLM et l'affaiblir» . Une allusion au fait que sa nomination aurait reçu un tir de barrage du groupe Accor Hotels qui, début juin, s'est porté candidat à la reprise de tout ou partie de la participation de 14,3 % de l'Etat au capital de la compagnie aérienne. Un projet étudié sérieusement par le gouvernement et sur lequel il a émis de très sérieuses réserves.
Pour cet inspecteur des finances passé par plusieurs grandes entreprises (ArcelorMittal, Vivendi et enfin Veolia, depuis 2014), ce rachat de la part de l'Etat «serait d'autant plus scandaleux» qu'il se ferait à un prix très bon marché (450 millions d'euros) en raison de la chute du cours d'Air France-KLM ces derniers mois. «Dans le contexte des événements récents, je souhaite vous informer de mon retrait du processus de recrutement en cours», écrit Capron à Couderc.
Parallèlement à ce cafouillage, la crise actuelle a mis en lumière le mécontentement de la partie néerlandaise du groupe, qui n’apprécie guère d’avoir été mise à l’écart et réclame une évolution de la gouvernance.
Il va maintenant falloir aller vite pour tenir le délai de juillet, qui avait été fixé par Bruno Le Maire. Selon le Monde, Accor travaille à son projet de reprise de la part du capital détenu par l'Etat. «Il faudrait que ça aille le plus vite possible, explique sous couvert d'anonymat un cadre de l'entreprise. Tout cela crée un brouhaha qui n'est pas de nature à ramener de la sérénité. Tout le monde s'en mêle, et cela risque de faire traîner ce processus en longueur alors qu'il y a urgence.»