Nicolas Hulot a lui-même parlé d'un «moment de vérité» dont il tirerait les conclusions. Partira ? Partira pas ? Ce moment approche. Le ministre de la Transition écologique l'a fixé à juillet, une fois passé le rendez-vous d'évaluation que le Premier ministre a fixé avec lui comme avec l'ensemble de ses ministres pour faire le point, un an après leur entrée en fonction. Ou une fois passée la rencontre qu'il doit avoir avec le chef de l'Etat pour «tracer des perspectives». Car Nicolas Hulot n'est pas un ministre comme les autres : il aura sans nul doute droit à un traitement présidentiel de faveur. L'homme a ses humeurs, ses états d'âme, ses coups de mou qu'il met régulièrement en scène sur le mode «retenez-moi ou je fais un malheur». Parfois au risque d'agacer. Mais la spécificité de Nicolas Hulot, au-delà de sa personnalité, de sa notoriété ou de son étiquette «société civile», tient à la thématique qu'il incarne. Plus que d'autres ministères, celui de la Transition écologique et solidaire est un curseur majeur pour apprécier la rupture qu'a voulu incarner Emmanuel Macron. Le périmètre du ministre d'Etat, qui intègre les transports et l'énergie par exemple, a donné de l'espoir aux écologistes. Le terme même de «transition écologique» laisse entendre que son action ne peut s'inscrire que dans le temps long, tant les chantiers sont transversaux et supposent que l'ensemble des acteurs politiques, économiques, agricoles changent de «logiciels». Est-ce le cas ? Non. Emmanuel Macron fait de l'écologie comme ses prédécesseurs de l'ancien monde. Avec beaucoup de conviction dans les discours, moins de volontarisme dans les actes. Ce «moment de vérité» pour Nicolas Hulot le sera aussi et surtout pour Emmanuel Macron. Le départ de son ministre jetterait une lumière crue sur son incapacité à dépasser cette règle qui veut que l'écologie reste cantonnée à un supplément d'âme.
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