Suicides ou tentatives de suicides, burn-out, dépressions… Comment mieux résumer l’urgence à soigner l’hôpital que par ce dramatique paradoxe qui veut que les médecins, chirurgiens, infirmiers chargés de nous soigner vont eux-mêmes très mal ? Cette crise du système hospitalier n’est pas nouvelle. Le manque de lits, le déficit de personnels, l’encombrement des urgences ne datent pas d’hier. Mais quand les soignants deviennent des malades, il est vital de s’interroger. Tétanisé par l’ampleur du chantier, le gouvernement tergiverse, repoussant en septembre l’heure des choix. Il hérite bien sûr de l’attentisme de ses prédécesseurs, qui ont souvent préféré le statu quo à la réforme. Raison de plus pour ne pas attendre. L’impatience parmi le personnel hospitalier est à la hauteur des attentes créées par le chef de l’Etat lui-même, puisqu’il a annoncé qu’il monterait au créneau sur le sujet. Impatience que l’été qui démarre, saison traditionnellement chargée dans les hôpitaux, ne devrait pas atténuer. Le chantier est énorme, complexe. Et l’équation budgétaire omniprésente. Elle pose la question du rôle de l’Etat et de ses priorités. La santé, et son maillon central qu’est l’hôpital, relève, avec l’éducation, des priorités absolues. Sans jeter par-dessus bord les principes de bonne gestion, indispensables, la philosophie des dernières réformes a malheureusement transformé les hôpitaux, bien publics précieux, en entreprises privées. Une erreur qu’il faut corriger. Mais transformer l’hôpital, créer les postes là où ils sont nécessaires, ouvrir des lits ne suffira pas. Les maux dont il souffre ne guériront qu’à condition d’intégrer dans la réflexion la médecine de ville, qui ne remplit plus aujourd’hui ses missions, notamment dans le suivi des maladies chroniques. L’hôpital va mal, très mal, mais c’est l’ensemble du système de santé qu’il faut repenser.
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