«Ce procès, c'est quand même une sacrée revanche de la réalité», a plaidé Me Eric Morain, conseil de la partie civile. Mohamed E.-A., 21 ans, comparaissait mardi devant la 30e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour «menace de mort» - il a publié un photomontage où la journaliste Nadia Daam se fait décapiter par un membre de l'Etat islamique. A ses côtés, Virak T., 35 ans, était jugé pour «menace de commettre un crime». Ils ne se connaissent pas mais sont tous deux sont soupçonnés d'avoir participé au «cyberdéferlement» de haine dont la journaliste a été victime à partir de novembre 2017, après une chronique sur Europe 1. Une opération hostile claironnée par des membres du forum «Blabla 18-25» du site Jeuxvideo.com. S'il n'a pas écouté la chronique dans son intégralité, Mohamed E.-A. s'est «senti insulté» par les propos de la journaliste. La présidente interroge : «Vous vous rendez compte, dans le contexte actuel, de la violence que représente cette photo ?» «J'avais pas pris en compte tout ça», répond benoîtement ce technicien en communication dont l'avocat assure qu'il «regrette amèrement».
Pour le procureur, qui avait requis cinq et huit mois de prison, les deux hommes «incarnent la violence sous pseudonyme». Tous deux ont été finalement condamnés à six mois de prison avec sursis, et à verser chacun 2 000 euros en réparation du préjudice moral. Après l'audience, Nadia Daam oscille entre rire nerveux et pleurs. Celle qui a finalement été contrainte de déménager est «soulagée». «Parce que c'est enfin fini».