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Libération

A Nantes, Edouard Philippe fait le grand écart

par Guillaume Frouin, (à Nantes)
publié le 5 juillet 2018 à 20h16

Venu initialement parler des suites de l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe a dû bousculer l’agenda de son déplacement à Nantes. La mort, mardi soir dans le quartier sensible du Breil, d’un jeune automobiliste lors d’un contrôle de police l’a conduit, jeudi, à se rendre d’abord à l’hôtel de ville. Dix-neuf interpellations ont eu lieu la nuit précédente, à la suite d’incendies de bâtiments publics et des véhicules dans plusieurs quartiers. Onze gardes à vue étaient en cours jeudi matin. Une douzième a démarré dans l’après-midi : celle du policier auteur du tir mortel, entendu dans le cadre de l’enquête ouverte pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique» confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et l’antenne locale du service régional de police judiciaire.

«Détruire des équipements publics, s'en prendre aux forces de l'ordre, détruire des équipements privés, c'est d'abord et avant tout nuire au développement de ces quartiers, a affirmé le Premier ministre. Tout le monde doit condamner [ces actes].» Le gouvernement continuera donc «à adapter le niveau de forces présentes pour rétablir l'ordre» à Nantes, a-t-il promis. Une présence qui sera «renforcée dans les semaines, les mois et les années qui viennent», dans le cadre du redéploiement de policiers dans les quartiers «de reconquête républicaine». «Le sujet n'est pas simplement d'avoir là, dans l'urgence, des forces supplémentaires, a répondu la maire (PS) de Nantes, Johanna Rolland. La question est de savoir quels moyens, dans la durée, on donne à la police d'investigation.»

Le second volet du déplacement du Premier ministre s'est tenu un peu plus tard, à la préfecture. Edouard Philippe a confirmé que les riverains de l'actuel aéroport de Nantes allaient bénéficier d'un «fonds de compensation» pour insonoriser leurs habitations : il prendrait en charge jusqu'à 90 % du montant des travaux. Le Premier ministre a aussi confirmé que la concession octroyée à Vinci allait être résiliée, en raison du risque de contentieux juridiques. Le groupe pourra toutefois candidater à la nouvelle concession, qui sera signée en 2021. D'ici là, «quelques dizaines de millions d'euros» seront investis pour réaménager l'aéroport.