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Libération
Récit

Aéroport et violences urbaines : à Nantes, Edouard Philippe fait le grand écart

L'agenda du Premier ministre, dont le déplacement à Nantes devait être consacré à la question de l'aéroport après l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, a été bousculé par la mort d'un jeune homme tué par un policier.
Edouard Philippe, accompagné de la ministre des Transports Elisabeth Borne et de la maire de Nantes Johanna Rolland, jeudi à Nantes. (Photo Théophile Trossat pour Libération)
publié le 5 juillet 2018 à 19h13

Venu initialement parler des suites de l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), six mois plus tôt, Edouard Philippe a dû bousculer jeudi l’agenda de son déplacement à Nantes. La mort, mardi soir dans le quartier sensible du Breil, d’un jeune automobiliste lors d’un contrôle de police l’a conduit à se rendre d’abord à l’hôtel de ville. Dix-neuf interpellations avaient eu lieu la nuit précédente, au cours de laquelle des bâtiments publics et des véhicules ont de nouveau été incendiés dans plusieurs quartiers. Onze gardes à vue étaient ainsi en cours jeudi matin. Une douzième a démarré dans l’après-midi : celle du policier auteur du tir mortel. Le fonctionnaire est entendu dans le cadre de l’enquête ouverte pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique» confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et l’antenne locale du service régional de police judiciaire.

«Personne ne peut comprendre ces actes»

«Détruire des équipements publics, s'en prendre aux forces de l'ordre, détruire des équipements privés, c'est d'abord et avant tout nuire au développement de ces quartiers, a affirmé le Premier ministre. Personne ne peut comprendre ces actes, tout le monde doit les condamner.» Le gouvernement va donc «continuer à adapter le niveau de forces présentes pour rétablir l'ordre» à Nantes, a-t-il promis. «Ce niveau ira croissant si les circonstances l'exigent.» Une présence qui sera «renforcée dans les semaines, les mois et les années qui viennent» dans la métropole, dans le cadre du redéploiement de policiers dans les quartiers dits «de reconquête républicaine». «Le retour à l'ordre, il n'est pas simplement conjoncturel : la question, elle est structurelle», lui a répondu la maire (PS) de Nantes, Johanna Rolland. «Le sujet, ce n'est pas simplement d'avoir là, dans l'urgence, des forces supplémentaires, même si c'est une nouvelle positive pour le territoire. La question, c'est de savoir quels moyens, dans la durée, on donne à la police d'investigation.»

Contentieux juridiques

Le second volet du déplacement du Premier ministre s'est donc tenu un peu plus tard, à la préfecture. Edouard Philippe a notamment confirmé que les riverains de l'actuel aéroport de Nantes allaient bénéficier d'un «fonds de compensation» pour insonoriser leurs habitations : il prendrait en charge jusqu'à 90% du montant des travaux. Ce fonds sera abondé par l'Etat et le concessionnaire de l'équipement, voire «le cas échéant» par les collectivités locales : les sommes qu'elles ont versées, ces dernières années, en vue du «transfert» à Notre-Dame-des-Landes, leur seront restituées «d'ici la fin de l'été». Le Premier ministre a également confirmé que la concession octroyée à Vinci allait être résiliée, en raison du risque de contentieux juridiques. Le groupe pourra toutefois candidater à la nouvelle concession, qui sera signée en 2021. D'ici là, «quelques dizaines de millions d'euros» seront investis pour réaménager l'aéroport.