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Libération
Violences urbaines

La tension retombe un peu à Nantes

A Nantes, des voitures ont encore été brûlées ce week-end, mais moins que les nuits précédentes. La préfète de Loire-Atlantique a pris des dispositions pour éviter la prolifération de cocktails Molotov.
Dans le quartier de Dervallières à Nantes , le 4 juillet. (Photo Théophile Trossat pour Libération)
publié le 8 juillet 2018 à 18h57

Dans les quartiers de Nantes, l'accalmie est toute relative. Dix-huit voitures ont été incendiées dans la nuit de samedi à dimanche, pendant la cinquième nuit consécutive de violences urbaines après la mort d'Aboubakar Fofana lors d'un contrôle de police. Il y en avait eu trente-cinq et cinquante-deux les deux nuits précédentes… Pour éviter la prolifération de cocktails Molotov, la préfète de la Loire-Atlantique a d'ailleurs interdit toute «vente de carburant au détail et d'artifices de divertissement» jusqu'au 13 juillet inclus sur l'ensemble de la métropole nantaise.

D'un point de vue judiciaire, le CRS auteur du tir mortel a été mis en examen vendredi soir pour «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par personne dépositaire de l'autorité publique et avec usage d'une arme», un crime passible de vingt ans de réclusion criminelle. Il a néanmoins été laissé libre, sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet. Les nouveaux avocats de la famille du jeune homme, Me Anne Bouillon et Me Franck Boëzec, ont prévu de s'exprimer ce lundi sur le dossier : ils auront eu accès aux éléments de l'enquête, qui a été confiée à deux juges d'instruction.

«Corps-à-corps»

Lors de sa garde à vue, le fonctionnaire de police a livré, «une nouvelle version» expliquant avoir «tenté de se pencher dans l'habitacle du véhicule pour saisir le volant», alors qu'Aboubakar Fofana avait enclenché une marche arrière «à vive allure» pour se soustraire au contrôle d'identité a expliqué vendredi Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes. Ce jeune (22 ans) originaire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) se savait recherché pour «vol en réunion», «recel» et «association de malfaiteurs». Il avait alors fait une «manœuvre particulièrement dangereuse», au cours de laquelle il avait failli faucher un CRS resté en retrait et une fillette qui jouait à proximité. «C'est à ce moment-là, dans ce qu'il appelle un corps-à-corps, que le coup de feu serait parti accidentellement», a souligné le procureur. Lors de ses premières déclarations en audition libre, le CRS avait invoqué la «légitime défense». Les secours avaient alors été alertés «sans tarder», avait précisé le procureur de la République, contrairement aux dires des jeunes du quartier du Breil.