En installant pour la première fois un vrai centre commercial à la gare Saint-Lazare en 2012, la SNCF a découvert une méthode top pour payer la rénovation de ses embarcadères : la foncière d’immobilier commercial Ségécé-Klépierre y a financé les travaux et se rémunère désormais avec un pourcentage des loyers de boutiques. Le procédé, qui s’est révélé gagnant-gagnant pour les deux parties, a été repris pour la rénovation en cours de la gare Montparnasse avec Altarea et va l’être pour la gare du Nord.
Le lauréat est cette fois-ci Ceetrus, nouveau nom de la branche immobilière du groupe Auchan (ex-Immochan). Mais cette fois, l'enjeu dépasse de loin celui des magasins. Gares & Connexions, branche de la SNCF chargée de gérer les gares du réseau, crée, avec Ceetrus, une Société d'économie mixte à opération unique (Semop). Au-delà de l'aspect commercial, la Semop devra construire une importante extension de la gare, avec les architectes Valode et Pistre. «Les terminaux départs et arrivées vont passer de 36 000 mètres carrés à 110 000 mètres carrés», explique Gares & Connexions. Cerise sur le gâteau : «La transformation la plus symbolique est l'adaptation de la gare aux évolutions de la société en faveur des activités sportives, en proposant pour la première fois en France une piste de course d'un kilomètre sur les toits, assortie de vestiaires publics et de nombreux autres équipements sportifs».
Dans ce montage juridique inédit, Ceetrus détient 66 % de la Semop tandis que Gares & Connexions est à 34 %. Ceetrus aura l'exploitation commerciale de l'endroit pendant 35 à 46 ans, durée qui reste à négocier. La SNCF vend-elle ses gares ? En tout cas pas les murs, dont elle reste propriétaire et exploitante pour la partie ferroviaire. La CGT Cheminots s'est dit opposée à la «mise en œuvre de cette disposition opaque et complexe». L'actuelle gare du Nord reçoit 700 000 voyageurs par jour. Un trafic qui augmentera de 40 % d'ici 2030.