Pascal Pavageau, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière, l'avait invité, dans une interview à Libération le 2 juillet, à «faire un choix», et à «prendre ses responsabilités». Dix jours plus tard, Jean-Claude Mailly, l'ancien numéro 1 de FO qui a quitté la tête du syndicat en avril, a donc tranché : il renonce à siéger au Conseil économique et social européen, où il devait prendre en août un mandat FO. Une décision prise par fidélité à ses «conceptions en matière de liberté, de responsabilité», et pour «continuer à défendre librement [s]es idées», a-t-il expliqué mercredi sur Twitter. Sa nomination par FO dans cette instance - qualifiée d'«autodésignation» par son successeur -, rendue publique quelques jours avant le congrès du syndicat, avait fait grincer des dents en interne. Le sujet était devenu encore plus polémique depuis que Mailly avait annoncé son autre projet : celui d'intégrer Alixio, la société de conseil de Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, en tant que «senior advisor». La mission de cette entreprise est d'«accompagne[r] les décideurs d'entreprises dans leurs transformations RH, stratégiques, organisationnelles et managériales». Une belle formule, pour une réalité plus triviale : dans les faits, il s'agit d'accompagner les grosses boîtes dans leurs projets de restructuration et de réorganisation, qui laissent bien souvent de nombreux salariés sur le carreau. Une activité jugée «incompatible» avec un mandat FO, pour Pavageau, qui s'étonnait début juillet qu'on puisse «être avec le côté patronal», par le conseil, et du côté des salariés, par le syndicalisme.
Jean-Claude Mailly : «Pour être fidèle à mes conceptions […], j’ai décidé de ne pas siéger pour FO au comité économique et social européen.»
par Amandine Cailhol
publié le 11 juillet 2018 à 21h06
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