Six mois de prison avec sursis, une mise à l'épreuve de deux ans, et 1 000 euros d'amende ont été requis à l'encontre de Jean-Vincent Placé, jugé mercredi pour violences, injures à caractère racial et outrage à agents. En avril, passablement ivre, l'ex-secrétaire d'Etat était arrivé avec un ami sénateur dans un établissement de nuit de Saint-Germain-des-Prés. C'est là qu'il aurait agressé une jeune femme avant d'agonir d'injures racistes le videur, puis d'insulter les policiers venus l'interpeller. Pour le procureur, Placé aurait fait preuve ce soir-là d'un «comportement de soûlard, socialement inacceptable», affichant un «sentiment de supériorité et de toute puissance». «Je suis honteux de m'être retrouvé dans cette situation», s'est excusé Placé. Admettant avoir eu un comportement «lourd» et «inapproprié», il a néanmoins démenti toute violence ou injures racistes.
Sur l'ensemble des propos pour lesquels il est poursuivi, il ne reconnaît qu'une seule phrase lancée au videur : «On n'est pas au Maghreb ici.» A la barre, il va livrer des explications vaseuses, expliquant que ses amis marocains lui disent souvent «on n'est pas au bled». D'ailleurs, insiste-t-il, il ignorait que le videur, prénommé Mohamed mais surnommé «Vladimir» par les clients, était d'origine algérienne. «Pour tout le monde, il est d'Europe de l'Est», a insisté Placé. Mais pour le procureur, il s'agit bien de propos à caractère «raciste», destinés à «offenser et humilier» : «Toutes ces infractions troublent gravement l'ordre public et la politique pénale du parquet s'agissant de la violence faite aux femmes et de la lutte contre le racisme.» Considérant que le statut de Placé induit un «préjudice d'autant plus important», l'avocat de la Licra a jugé «insupportable de savoir que celui qui est jugé est un ancien secrétaire d'Etat.» Pour l'avocat de l'ex-sénateur au contraire, il s'agit d'une «histoire d'une banalité épouvantable si elle ne concernait pas M. Placé». Décision rendue le 10 septembre.