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Calmels accuse Wauquiez : «J’ai cru qu’il allait en venir aux mains»

Dans une interview au «Point», l'ancienne numéro 2 de LR dénonce «l’intimidation» et «la menace» dont elle aurait fait l'objet de la part du patron du parti de droite.
Le président de LR, Laurent Wauquiez, et sa numéro 2 d'alors, Virginie Calmels, à Paris le 18 avril. (Photo Eric Feferberg. AFP)
publié le 12 juillet 2018 à 13h39

A ce niveau-là, ce n'est plus un tacle ni même un règlement de comptes, mais bien un flingage en règle. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire le Point, Virginie Calmels, l'ancienne vice-présidente de LR limogée en juin par Laurent Wauquiez pour avoir critiqué son exercice solitaire du pouvoir et sa ligne politique, dénonce «l'intimidation, la menace» dont aurait fait preuve le président de LR à son égard. «J'ai cru qu'il allait en venir aux mains», raconte la première adjointe au maire de Bordeaux, lors d'une réunion particulièrement houleuse à propos de l'élection législative partielle de Mayotte en mars. Le parti de Marine Le Pen avait alors appelé à voter en faveur du candidat LR sans que Laurent Wauquiez ne s'en émeuve.

Quand le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes lui propose de la nommer numéro 2 du parti dans un souci de rassemblement, celle-ci fixe trois conditions, trois lignes rouges. D’abord que LR réaffirme son attachement à l’Europe. Ensuite qu’il n’y ait aucune porosité avec le FN. Enfin, que sur le plan sociétal, l’influence de mouvements comme Sens commun reste limitée. Sur le FN, Calmels a estimé que lors de l’élection de Mayotte, Wauquiez commençait à mordre la ligne blanche.

Mais les différends entre les deux personnalités remontent à bien plus loin. Au lendemain même de l'élection du président du parti de droite, quand Laurent Wauquiez décide de nommer également vice-président Guillaume Peltier, passé par le FN et le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers. Une manière d'encadrer la numéro 2 qui reste une fidèle d'Alain Juppé, le maire de Bordeaux. Dès le départ, le mariage entre la très libérale Virginie Calmels et le patron de LR ne se fait pas sous les meilleurs auspices. Vient ensuite l'affaire des enregistrements des propos de Wauquiez devant les étudiants d'une école de commerce de Lyon. Il y tape sur tout le monde en des termes assez violents et notamment sur Alain Juppé, accusé d'avoir «cramé» la caisse à Bordeaux, sur Valérie Pécresse et également sur Nicolas Sarkozy – crime de lèse-majesté pour lequel il a dû s'excuser platement.

Sur le fond, elle reproche également à Laurent Wauquiez de s'éloigner du projet défendu par François Fillon lors de sa campagne présidentielle pour tenir un discours de «plus en plus ouvertement antilibéral», pas forcément très éloigné de celui du FN devenu le Rassemblement national. Virginie Calmels n'hésite pas à dénoncer la dérive «à la Patrick Buisson» du président de LR.

L'entourage de ce dernier n'a pas tardé à régagir en dénonçant une interview qui «relève de la psychiatrie». «Virginie se perd avec de telles  accusations», a estimé, de son côté une des porte-parole du mouvement, Lydia Guirous. Reste que le trouble au sein de LR est bien palpable. Quelques cadres s'interrogent sur le bien-fondé de la stratégie suivie par un Wauquiez qui ne parvient ni à percer dans les sondages ni à s'installer dans le paysage politique comme le ténor du principal parti d'opposition. «A un moment ou à un autre, il va bien falloir que l'on s'interroge, confie un des responsables du parti. Et pas seulement sur la seule question de notre ligne pour les prochaines européennes toujours en suspend pour le moment.» «Je ne suis pas sûr que quelqu'un comme Damien Abad, également vice-président et plutôt modéré soit très à l'aise avec la ligne Wauquiez», estime un autre cadre du parti. En cas de revers électoral pour LR aux prochaines européennes, les langues pourraient alors se délier très rapidement.