Constat sans appel : les deux tiers de la flotte d'hélicoptères militaires français, tous modèles et toutes armées confondus, étaient cloués au sol en 2017. Ce constat alarmant sur l'état d'entretien des engins héliportés dont disposent nos militaires est dressé dans un rapport d'information rendu public jeudi par le sénateur LR Dominique de Legge. «Les autorités politiques et militaires ont pris conscience du problème il y a quelques années. La loi de programmation militaire [qui sera promulguée vendredi soir par Emmanuel Macron, ndlr] marque un tournant, mais les moyens mis à disposition ne permettront pas de tout faire», relève le parlementaire, qui se dit «pessimiste».
Le rapport identifie plusieurs causes à cette situation de non-disponibilité. D'abord l'utilisation fortement accrue ces dernières années avec la multiplication des interventions militaires à l'étranger. Au Sahel, où les forces françaises combattent depuis 2013, les appareils sont soumis à de rudes conditions climatiques (chaleur, poussière, etc.) qui accélèrent leur usure. Ensuite, le «maintien en condition opérationnelle» a longtemps fait défaut. Le sénateur pointe notamment les «défaillances des industriels», dont les interventions ne sont pas «toujours jugées d'une qualité satisfaisante» ou durent plus longtemps que prévu.
Maintenance coûteuse
Un premier plan d'action, en 2014, a eu des résultats «réels, qui ne se sont cependant pas traduits par une amélioration significative des taux de disponibilités des aéronefs», note le rapport. Et ce malgré une forte augmentation du budget dédié, passé de 412 millions d'euros en 2009 à 645 millions en 2017. La ministre des Armées, Florence Parly, a présenté en décembre une nouvelle réforme, en profondeur, de cette fonction, prévoyant notamment la création d'une direction dédiée à la maintenance aéronautique. Un «électrochoc», selon le sénateur, qui doute néanmoins qu'un changement de structure suffise à répondre à l'indisponibilité chronique des appareils. Celle-ci est particulièrement aiguë sur les engins les plus anciens : les «Alouettes» dans la Marine (45 ans d'âge moyen), les «Gazelles» dans l'armée de terre (32 ans en moyenne). Quant aux hélicoptères les plus récents, leur maintenance est la plus coûteuse, et leur niveau de disponibilité «très faible». Mais plus de 25% des hélicoptères d'attaque ultramodernes Tigre (7 ans de moyenne d'âge) sont également HS…
Malgré ce bilan très sombre, «personne n'a témoigné avoir volé avec un sentiment d'insécurité», indique Dominique de Legge. Pourtant, les accidents, dont les causes ne sont pas encore connues, se sont multipliés depuis le début d'année, singulièrement sur des hélicoptères Gazelle. Mardi, un pilote est mort lors d'un accident en Côte-d'Ivoire. Début février, cinq officiers s'étaient tués dans un double crash à l'entraînement dans le Var.