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Coupe du monde

Pourquoi certaines villes ne diffuseront-elles pas la finale sur écran géant dimanche ?

En mai, Gérard Collomb avait annoncé qu'en raison de la menace terroriste, les retransmissions sur écran géant «ne seraient envisagées que dans des espaces clos ou strictement délimités». Un casse-tête pour certaines municipalités.
Lors de France-Danemark, le 26 juin à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). (Photo Gérard Julien. AFP)
publié le 13 juillet 2018 à 16h41
(mis à jour le 13 juillet 2018 à 17h48)

Revirement de situation ce vendredi matin à Quimper, comme un but encaissé à la dernière minute : la préfecture du Finistère a finalement refusé l'installation d'un écran géant dimanche place Saint-Corentin pour diffuser la finale de la Coupe du monde, France-Croatie. Le maire, Ludovic Jolivet, avait pourtant invité tous ses concitoyens à venir encourager les Bleus sur la place de la ville dès la fin de la demi-finale mardi sur Facebook. Dans un communiqué, la préfecture indique ce vendredi que finalement «cette éventualité devait être écartée, dans la mesure où la configuration du lieu souhaité par la mairie (place Saint-Corentin) n'était pas compatible avec la préservation de l'ordre public et aurait nécessité la mobilisation d'un nombre important de policiers, qui auraient par conséquent été indisponibles pour intervenir dans d'autres points de la ville».

Comme Quimper, d'autres villes ne pourront pas mettre en place d'écrans géants en plein air, à cause des restrictions sécuritaires imposées par le ministère de l'Intérieur fin mai. Dans un courrier adressé aux préfets ainsi qu'aux directeurs généraux de la police nationale et de la gendarmerie, Gérard Collomb indiquait à l'époque qu'en raison de la menace terroriste, les retransmissions «ne pourraient éventuellement être envisagées que dans des espaces clos ou strictement délimités (stades, salles omnisports, salles de spectacles ou de congrès, centres d'exposition, etc.)».

Des normes sécuritaires lourdes pour certaines villes

Pour ce qui est des diffusions en plein air, elles ne seront ainsi possibles que dans le cadre de fan zones, comme lors de l'Euro 2016, incluant délimitation avec des plots de béton et des barrières, ainsi qu'en présence de forces de sécurité pratiquant fouilles et palpations. Sur l'ensemble du territoire, une trentaine de périmètres de protection ont ainsi été décidés pour sécuriser les rassemblements. Ce sera notamment le cas sur le Champ-de-Mars à Paris ou sur la place Bellecour à Lyon. Mais ces normes sécuritaires peuvent s'avérer lourdes pour certaines municipalités, notamment quand d'autres événements se déroulent au même moment dans la ville. A La Rochelle, le festival des Francofolies rend par exemple impossible la mobilisation de forces de sécurité supplémentaires : la seule retransmission de masse en plein air disponible sera réservée aux festivaliers.

Plusieurs villes expliquent aussi leur volonté de ne pas diffuser le match par le passage du Tour de France ou les festivités du 14-Juillet. Comme à Lorient, où la rambla du parc Jules-Ferry, qui a pourtant accueilli 8 000 personnes mardi soir, ne verra pas d'autre rassemblement dimanche. D'après le maire Norbert Métairie à Ouest-France, les questions de sécurité ou de logistique sont trop lourdes pour mobiliser de nouveau autant de personnes en peu de temps : «Demi-finales, Tour de France, grande braderie, défilé du 13 juillet, feu d'artifice s'enchaînent. On est en flux tendu permanent. Tout le monde à la mairie est mobilisé. Il faut aussi trouver des agents de sécurité. Pour les dames, mardi, il n'y avait pas assez d'agents femmes selon les points.»

A Calais, la maire, Natacha Bouchart, a indiqué à Nord Littoral avoir décidé de ne pas proposer de retransmission sur la place d'Armes à cause d'un «engagement pris avec les cafetiers, les barmans, les restaurateurs. Cet engagement valait quel que soit le niveau de la compétition atteint par l'équipe de France, même si on allait jusqu'en finale». Une initiative destinée à favoriser un secteur en berne ces derniers mois.

Des retransmissions dans des espaces clos

Beaucoup de municipalités ont donc choisi d'abriter les retransmissions dans des espaces clos déjà existants. A Lille, c'est le Zénith qui avait été privilégié dans un premier temps, mais les 5 000 places disponibles sont parties en quarante-cinq minutes. La ville a donc décidé de proposer une autre diffusion du match, sur un écran géant de 30 mètres carrés dans la cour de la gare Saint-Sauveur. A Marseille, c'est le parc Chanot qui a été choisi pour accueillir la retransmission tandis que Bordeaux a décidé de son côté d'ouvrir au public le stade Chaban-Delmas, d'une capacité de 30 000 places.

A Nantes, la diffusion publique du match aurait dû se dérouler exclusivement au hall XXL du parc des expositions de la Beaujoire. Un lieu qui ne suscitait pas l'enthousiasme chez les Nantais : seules 5 000 personnes s'y étaient rassemblées mardi pour la demi-finale, pour une capacité de 12 000 places. Après avoir demandé une diffusion en plein air ces derniers jours, les habitants ont obtenu gain de cause ce vendredi après-midi : la maire Johanna Rolland a annoncé la mise en place d'une fan zone sur le cours Saint-Pierre pour 9 000 personnes, tout en maintenant la diffusion dans le hall du parc expo de la Beaujoire.

Enfin, certaines villes ont changé d'avis et décidé d'installer des fan zones après avoir esquivé la question à l'occasion de la demi-finale. Mardi, Vannes a ainsi subi des débordements après la victoire de la France sur la Belgique : une policière a notamment été blessée par un jet de projectile à la tête. Pour éviter que cela ne se reproduise, la ville bretonne a donc décidé de répondre positivement aux demandes de ses habitants et d'installer un lieu sécurisé pour suivre la rencontre dimanche.