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Libération
«Lâchez les cheveux»

«C’est la fin d’un truc, la fin d’une période. Fini les beaux jours de la belle masse chevelue»

Illustration : Clara Dealberto
publié le 16 juillet 2018 à 16h59

Qu'on les chérisse ou qu'on les haïsse, qu'ils soient moqués ou admirés, les cheveux, c'est une sacrée affaire. Parce qu'ils contribuent à faire de nous ce que nous sommes, Libération leur consacre une chronique. Aujourd'hui, Yann, frigoriste de 38 ans.

«Je suis super poivre et sel, presque tout blanc. J’ai un trait sur l’arrière qui n’a pas blanchi, c’est assez étrange. Surtout, ça y est, c’est la deuxième étape : ils commencent à se barrer.

«Ça m’emmerde, c’est une transition. Il faut t’habituer à ton nouveau visage de plus tard. Tu te dis que tu ne vas pas finir avec la couronne de moine. Et puis 38 ans, 39, presque 40… Il y a une espèce d’âge charnière. J’estime qu’entre 30 et 40, tu es sur des rails et le problème c’est qu’à 40 ans tu as l’impression d’être au bout des rails. Tu te dis "putain et là maintenant qu’est-ce qu’on fait ?"

«Quand je dis au bout des rails, c’est le moment où les choses commencent à manquer un peu d’exotisme. J’ai deux gamins qui ont 6 et 3 ans, je suis marié, j’ai une vie de famille, machin truc. C’est un peu la monotonie. Je pense que c’est un tout. Alors, le concept de finir un peu chauve, c’est un peu chiant.

Formule miracle

«Qu’est-ce que ça m’évoque ? La fin d’un truc, la fin d’une période. Fini les beaux jours de la belle masse chevelue. Aller chez le coiffeur, ça m’emmerde tout le temps, mais c’est quand même satisfaisant d’y aller, quelque part.

«Mes cheveux ont passé la quasi-totalité du début de ma vie à m’emmerder. Quand j’étais petit, j’avais le cheveu super raide donc ce n’était pas la peine d’envisager de coiffer quoi que ce soit. Au départ, je suis brun, noir corbeau. Et puis j’ai commencé à choper les premiers cheveux blancs à 17 ans. Bizarrement, ma sœur comme moi on a commencé à avoir des cheveux blancs en même temps. Je me suis toujours dit que c’était parce qu’on avait pris une grosse calotte psychologique : mes parents se sont séparés quand j’avais 16 ans. J’ai gardé les cheveux longs jusqu’à 21 ans. Si la formule miracle existait pour que je retrouve mes cheveux, pourquoi pas, avec plaisir.»

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