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Libération

Banlieues : Macron veut mobiliser les chefs d’entreprise

publié le 17 juillet 2018 à 20h56

Après un premier essai fort peu concluant, Emmanuel Macron tente à nouveau de défendre sa conception de la politique de la ville. Plus d'une centaine de chefs d'entreprise étaient reçus mardi soir, à l'Elysée, pour un «événement de mobilisation en faveur des territoires», à la veille d'une communication en Conseil des ministres de Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires, et de son secrétaire d'Etat, Julien Denormandie.

Le 22 mai, Emmanuel Macron avait laissé sur leur faim les acteurs de la politique de la ville qu'il avait invités, à l'Elysée, à une journée de «mobilisation générale» pour les quartiers. Du long discours, improvisé et inhabituellement brouillon, qui leur avait été servi ce jour-là, ils n'avaient retenu que l'information principale : il n'était pas question pour l'exécutif de mettre en œuvre le plan que venait de lui remettre l'ancien ministre de la Ville Jean-Louis Borloo. Chiffré à 48 milliards d'euros, ce plan avait pourtant été salué par la plupart des élus de banlieue. La fin de non-recevoir du chef de l'Etat - contestant la légitimité du rapport qu'il avait commandé au motif que «deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers» ne pouvaient pas prétendre régler le problème entre eux - leur est resté en travers de la gorge. Deux mois plus tard, c'est peu dire que l'exécutif est attendu de pied ferme.

Selon l'Elysée, le gouvernement veut aborder la question «de manière globale», sans opposer les territoires les uns aux autres, les métropoles aux villes moyennes ou les quartiers à la ruralité. Sa politique repose sur deux principes : garantir «l'effectivité des droits» et favoriser «l'émancipation». Le premier était au cœur du rapport Borloo, qui préconisait la création d'une «cour d'équité territoriale» chargée d'en garantir la mise en œuvre. Sans aller jusqu'à retenir cette «bonne idée», Macron entend démontrer qu'il en retient l'essentiel. C'est ce qu'il fera jeudi après midi en Dordogne où il devrait, selon son entourage, faire quelques annonces sur l'accès aux services publics, le haut débit ou les mobilités du quotidien. Quant à «l'émancipation», l'Elysée ne se lasse pas de répéter qu'elle passe par la lutte contre «les inégalités de destin», dès le plus jeune âge. En plus du dédoublement des classes de CP dans les réseaux d'éducation prioritaire, mis en œuvre à la rentrée 2017, le gouvernement devrait annoncer l'affectation de deux adultes par classe en maternelle dans une soixantaine de quartiers.

Parce que «la réussite ne peut être que collective» et que «l'Etat ne peut pas tout», Macron entendait faire, mardi soir, la démonstration de sa capacité à mobiliser les chefs d'entreprises : Danone, BNP, Total et autres L'Oréal, réunis pour célébrer l'inauguration d'une «plateforme de stages» qui devrait permettre à 15 000 collégiens issus des quartiers de découvrir des entreprises qui leur sont la plupart du temps inaccessibles.