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Libération
Billet

Banlieues : des mesures périphériques

publié le 18 juillet 2018 à 21h06

C'est une nouvelle forme de communication officielle : les annonces d'annonces. Alors qu'Emmanuel Macron avait promis, fin mai, un nouveau volant de mesures en faveur des banlieues après avoir enterré le rapport Borloo prônant une «réconciliation nationale» avec les quartiers populaires, le gouvernement s'est contenté, mercredi, de faire un point d'étape en Conseil des ministres. Entre repatouillage de réformes connues (police de sécurité du quotidien ou dédoublement des classes de CP et CE1…), confirmation de projets en cours (simplification des procédures de l'Agence nationale de rénovation urbaine et fonds d'aide aux associations de 15 millions d'euros) et report des mesures attendues pour le mois de juillet, notamment le «plan de lutte contre le crime organisé et l'économie souterraine», qui rejoint les futurs plans «pauvreté» et «hôpital» : présentation à la rentrée.

Alors que ces territoires, relevant de la politique de la ville, cumulent les handicaps et les retards, il n'est donc plus question de rattrapage ou de remise à niveau, notamment en matière de logement ou de transports publics. Et ce alors que les APL vont continuer à baisser et que la suppression des contrats aidés n'a pas été enrayée. Même si les engagements présidentiels sont édulcorés, Emmanuel Macron a bien changé de ton vis-à-vis des habitants des quartiers, ne chantant plus les louanges des premiers de cordée pour expliquer désormais qu'un «pays ne peut pas réussir quand seulement quelques-uns réussissent». Mais cette mobilisation générale reste au stade du simple appel à bonne volonté. En recevant mardi soir une centaine d'entreprises à l'Elysée pour leur demander de recruter en banlieue, le chef de l'Etat n'a pas exigé d'engagement ni envisagé de sanction. Tour de passe-passe ultime, il demande à l'Etat de fournir la moitié des 30 000 stages d'observation pour les élèves de troisième.

L'exécutif assume totalement ce «changement de paradigme», l'expression fétiche de la majorité. Où l'on ne passe plus par la case budgétaire, où on laisse la main (très libre) aux entreprises et où on bascule une partie des dossiers de rénovation urbaine à l'échelon local au nom de l'efficacité, autre antienne des marcheurs. Ce pari ressemble comme deux gouttes d'eau à un désengagement de l'Etat qui ne dit pas son nom. «Nous ne sommes pas dans les questions budgétaires. Nous, on arrête de mettre en œuvre des politiques discriminantes», a affirmé mercredi le secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie. Sans rire.