Le projet de loi constitutionnelle, premier volet de la réforme des institutions, est débattu à l'Assemblée nationale. Accélération de la procédure législative – avec une limitation du droit d'amendement –, inscription de la protection de l'environnement et suppression du mot «race», différenciation territoriale : les mesures de l'exécutif sont décortiquées par les députés. En attendant les propositions les plus contestées (réduction du nombre de parlementaires, dose de proportionnelle), qui seront discutées à la rentrée. Révision de la Constitution oblige, tous les groupes ont leur propre idée sur ce qu'il faudrait ajouter, corriger ou rayer dans la loi fondamentale. En témoignent les 2 400 amendements déposés. Libération fait le point sur les pistes portées par chacun durant les débats.
La réforme constitutionnelle, un dossier de la plus haute importance pour La France insoumise. Elle rêve de VIe République. Il suffit de jeter un œil dans son programme pour comprendre. C'est inscrit en gros : «Changer de République pour faire place au peuple !» Le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, explique : «Le peuple est absent du champ politique, il est absent des débats, alors que le peuple, c'est la constituante.» Du coup, lorsqu'on demande aux députés de La France insoumise de lister ses priorités dans la révision constitutionnelle, en cas d'arrivée au pouvoir, Bastien Lachaud répond : «On ne regarde pas les choses sous cet angle». Il classe les sujets par chapitre : «droit démocratique», «droit sociaux et environnementaux», et «droits humains».
Dans le chapitre «droit démocratique», on trouve en première ligne le droit de révoquer les élus. De quoi s'agit-il ? Un vote à mi-mandat, si plus de 50% des votants estiment que leur élu ne remplit sa mission, un nouveau vote est programmé. «Cette réforme oblige à l'élu à rester sur sa ligne, respecter son programme et ses engagements. Un mandat ce n'est pas un blanc-seing après le vote», argumente Lachaud. Dans le chapitre «droit démocratique», LFI propose également le vote obligatoire, le vote à 16 ans et la comptabilisation du vote blanc : «C'est un package.»
Dans «les droits sociaux et environnementaux», La France insoumise souhaite ajouter une loi qui permette l'accès à une quantité d'eau minimale pour tous en France. Le groupe dirigé par Jean-Luc Mélenchon avait déjà fait cette proposition le 1er février, lors de leur journée de niche parlementaire, mais elle avait rejeté par les députés de La République en marche (LREM). Dans le chapitre «droits sociaux et environnementaux», La France insoumise met en avant «la règle verte» qui sera constitutionnalisée, et qui interdira de «prélever sur la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer».
Enfin, les «droits humains» : le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon souhaite inscrire dans la Constitution le droit de mourir dans la dignité. L'introduction du suicide assisté dans la législation constitue «un droit fort et fondamental de l'émancipation personnelle», explique Bastien Lachaud. La France insoumise souhaite également inscrire l'IVG dans la Constitution : «Aujourd'hui, on s'aperçoit que de nombreux dans le monde reculent sur ces questions, ça serait bien que la France s'affirme et donne l'exemple.»