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Libération
éditorial

Questions d’images

publié le 22 juillet 2018 à 21h06

Séquences amateurs mises en ligne sur Internet, images de vidéosurveillance transmises par des policiers au conseiller de l'Elysée sous pression avant les révélations, photos d'Alexandre Benalla au plus près d'Emmanuel Macron à chacune de ses apparitions depuis la campagne présidentielle… Les images, et avec chacune d'elles la part d'une vérité forcément plus complexe, sont au cœur de ce qui est désormais admis comme un véritable scandale d'Etat. Après les photos prises par notre photographe pendant les célébrations du 14 Juillet, qui ont démenti la mise à écart de Benalla de la sécurité du président, c'est une nouvelle vidéo tournée, le 1er mai, place de la Contrescarpe à Paris, qui permet à Libération de révéler que quelques instants avant leur interpellation musclée, les deux personnes molestées par Alexandre Benalla s'en sont pris aux CRS, jetant quasi à bout portant des projectiles contre leurs boucliers. Des gestes violents, passibles de poursuites, qui éclairent sans pour autant les justifier le comportement et les délits commis par Vincent Crase et le conseiller sécurité d'Emmanuel Macron. La justice, de son côté, n'a pas traîné : après un week-end en garde à vue (et un mariage annulé pour Benalla), les cinq principaux intéressés ont finalement été mis en examen dimanche (lire page 4). Las. L'affaire Benalla tétanise le pouvoir jusqu'en ses sommets. L'Elysée est muré dans un mutisme complet - pas même une déclaration maladroite de Bruno Roger-Petit -, l'Assemblée nationale a suspendu dimanche ses travaux et l'examen de la réforme constitutionnelle. La paralysie est complète. Avant l'audition de Gérard Collomb par la commission d'enquête de l'Assemblée ce lundi, la macronie retient sa respiration. Le président, lui, reste invisible. Une question d'image…