De mémoire de suiveur, ce n’est pas arrivé depuis les années Sarkozy. Certes, ce n’est pas si loin, mais c’est quand même le signe qu’avec l’affaire Benalla, l’heure est grave : Emmanuel Macron ne se rendra pas, ce mercredi, contrairement à ce qui était prévu, sur l’étape pyrénéenne du Tour de France.
C'était pourtant pour lui, même si la Grande Boucle donne des signes de faiblesse côté élan populaire, une bonne occasion de corriger son image de «président des riches». Mais les soupçons de «copinage» à l'Elysée, selon le mot utilisé lundi par le préfet de police Michel Delpuech, entendu comme Gérard Collomb dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire, pèsent désormais trop sur le chef de l'Etat pour qu'il se permette une telle escapade…
Un autre événement a confirmé lundi qu'Emmanuel Macron n'était plus «le maître des horloges» : le renvoi à la rentrée de la fin de l'examen à l'Assemblée nationale du texte sur la révision constitutionnelle. Dimanche soir pourtant, les éléments de langage distillés après une réunion entre le chef de l'Etat, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et quelques hauts gradés de la macronie étaient clairs : «tout faire» pour que les réformes aboutissent. C'est raté.
L’annulation d’un déplacement et le report d’une réforme importante ne sont pas anodins. En politique, dicter son agenda, imposer son tempo, sont des armes de base. Les succès des débuts du quinquennat ont en grande partie été le fruit de cette stratégie. Et chez Macron, un peu comme chez Sarkozy d’ailleurs, maîtriser le temps signifiait tout simplement foncer, foncer, foncer. Surtout ne pas temporiser, encore moins reculer. En cela, l’affaire Benalla, quel que soit le fusible qui dans les jours à venir finira par porter le chapeau, touche Emmanuel Macron au cœur. Le président qui ne se laisse rien dicter par les événements a vécu.