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Libération

Calais : les migrants retrouvent l’eau potable

par Stéphanie Maurice, (à Calais)
publié le 24 juillet 2018 à 20h46

Les exilés de Calais devraient bientôt voir leur accès à l'eau s'améliorer. Ce mardi, à l'audience du tribunal administratif de Lille, la préfecture du Pas-de-Calais a devancé les demandes associatives. Les jerricans, les fontaines d'eau ? «Tout est commandé», a martelé son représentant. En ces temps d'alerte canicule, dix associations d'aide aux migrants avaient assigné en référé l'Etat pour qu'il applique à la lettre la décision émise par le Conseil d'Etat… il y a un an, le 31 juillet 2017.

L'avocate des associations, Julie Gommeaux, prend note des avancées. Certes sur les trois points de distribution de nourriture, l'accès aux citernes d'eau (une par site) est désormais ouvert de 9 h 30 à 12 h 15 et de 13 h 45 à 18 h 30. Fini les horaires kafkaïens, deux heures par ci, deux heures par là. Mais selon l'avocate, l'eau s'écoule à même la terre, sans bac pour la contenir, avec des robinets à un mètre du sol. «Cela tient plus de l'abreuvoir», note-t-elle. Elle souhaiterait des installations à hauteur d'homme. Et à moins de 100 mètres des campements, comme les normes du HCR le préconisent. Alain Bessaha, le directeur de cabinet du préfet, conteste les distances, estime la demande illégitime. MLionel Crusoé, second conseil des associations insiste : «Des exilés renoncent à ces trajets [trop longs, ndlr], parce qu'il est tout à fait possible que pendant ce temps, l'administration mette en œuvre l'expulsion de leur campement.» Avec la crainte d'y perdre ses affaires. La présidente du tribunal est attentive, elle veut vérifier si les points d'eau et les latrines ne sont pas trop loin. Plus ou moins de 500 mètres des lieux où les exilés vivent ? «Il ne faut pas être pressé», conclut Me Gommeaux.

Outre deux fontaines accessibles 24 heures sur 24, la préfecture a annoncé une commande de 970 jerricans. Jusque-là, les bénévoles distribuaient bidons et bouteilles, ils apprécient la nouvelle. «C'était prévu depuis début juillet, ce n'est pas suite à la requête des associations», insiste Alain Bessaha. Il regrette ce qu'il appelle une «judiciarisation du dialogue» : le référé a été déposé à la suite d'un coup de colère des représentants associatifs: obligés de distribuer eux-mêmes de l'eau, ils ont boycotté une réunion le 12 juillet avec les autorités.

Devant le tribunal, les militants insistent sur les difficultés des exilés pour nettoyer leurs vêtements, sans bac ni lessive. Et vont jusqu'à demander des lave-linge, qui ont l'avantage d'aseptiser les affaires à 60 °C, et d'éviter la propagation de la gale. «S'il faut acheter des bassines, on le fera», finit par dire Alain Bessaha. Le jugement a été placé en délibéré.